Le premier épisode vous a montré comment d’un rien Raphaël Colicci a créé un tout extraordinaire. L’article présentait aussi une bande annonce « La ferme qui soigne »
Raphaël Colicci, cette incroyable force de la nature, ayant constaté que tous les fruits et légumes d’antan – alors parfaitement adaptés à leur biotope, résilients aux maladies, peu consommateurs d’eau, très riches en nutriments et ayant du goût – avaient hélas pour la plupart disparu. A l’âge de 45 ans, il réalisait le projet qui lui tenait à cœur depuis ses 15 ans : retrouver ces espèces oubliées en créant différents conservatoires d’arbres fruitiers anciens et de semences paysannes. C’est cette fabuleuse histoire que Découverte magazine vous raconte par épisodes.
Voici le 2e des extraordinaires entretiens personnels que Raphaël Colicci a accordés à notre éditeur (AB).
La rédaction
AB : Tu m’as dit que tu pratiquais l’agriculture biodynamique selon les préceptes de Rudolf Steiner.
RC : L’agriculture biodynamique vise à respecter les cycles naturels, à renforcer la vitalité des sols, des plantes et des animaux, et à harmoniser les influences cosmiques. Elle utilise des préparations spécifiques, qui sont des substances organiques ou minérales dynamisées par des procédés particuliers, comme l’enfouissement dans des cornes de vache ou l’exposition aux rythmes lunaires et planétaires. Elle est une forme d’agriculture biologique, car elle respecte les principes de base de cette dernière, comme le refus des engrais chimiques et des pesticides de synthèse.
AB : Au tout début, personne ne croyait à ton rêve et le sol était quasi impraticable, rappelons-le. Et depuis une bonne vingtaine d’années, maintenant, tu nous as prouvé que produire de la nourriture est tout à fait possible en pratiquant un minimum de travaux de la terre.
RC : Oui, tu as parfaitement compris ce principe. Il y a d’abord l’autonomie exceptionnelle des plantes. Et puis on recherche une frugalité énergétique et surtout, on utilise le moins d’intrants possibles
AB : Donc, tu ne génères pour ainsi dire aucune pollution ?
RC : Exact ! Nous préservons la nature.
AB : Oui, mais à quel prix ?
RC : Vois-tu, pour les plantes, les maladies sont des symptômes de déséquilibres. Mais très tôt, j’ai eu mon sésame : La préparation 500 qui est la bouse de corne[1].
AB : J’en ai entendu parler. Et ça marche ?
RC : Et comment ! Cette préparation correspond à tout ce dont mon sol avait besoin au début. On obtient la bouse de corne en enfouissant dans le sol, durant l’hiver, de la bouse de vache qui a été introduite dans des cornes de vaches.La bouse de corne présente une composition moléculaire complexe, avec des dérivés de la lignine, des polysaccharides, des lipides et des hormones végétales. Elle présente également une activité enzymatique et microbiologique élevée. Je l’applique au printemps et à l’automne, en la diluant dans de l’eau tiède, puis je la brasse pendant une heure. Avec l’expérience que j’ai acquise au fil de ces dernières décennies, c’est pour moi un puissant édificateur de la structure de sol qui fut très pauvre. Elle améliore l’absorption et la rétention d’eau.
AB : L’eau ! Nous y voilà !
RC : On y arrivera cher ami, patience. Il faut ajouter que la bouse de corne exerce une activité microbienne prodigieuse, forme l’humus et améliore le pH du sol. Elle stimule également la germination des graines, la croissance des racines, le développement des légumineuses et la dissolution des minéraux dans le sol. Je la pulvérise sur le sol en fin d’après-midi, par un temps ni trop venté, ni trop chaud, ni trop pluvieux.
AB : Sauf que ces dernières années vous souffrez aussi beaucoup du manque de pluie.
RC : Hélas ! Sur mon premier terrain, j’avais donc planté 600 petits oliviers de 40 cm de hauteur et j’y avais ajouté un peu de terre grasse ramenée de Savoie. Terre de mon adolescence.
AB : Raphaël, s’il te plaît, parle-nous d’abord de ton enfance.
RC : Eh bien, comme mon nom semble l’indiquer, je suis né en Italie, dans la campagne du Latium à une centaine de kilomètres de Rome.
Ma maman ne pouvant pas m’allaiter, mon grand-père trouva une ânesse pour me nourrir.
Il possèdait un moulin à huile d’olive du village d’Esperia[2].
AB : Donc, cet amour des oliviers, tu la dois à ton grand-père maternel…
RC : Oui, et aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours eu un rapport privilégié avec la nature. J’ai donc grandi et je me suis épanoui dans cette magnifique nature italienne. C’est elle qui m’a pour ainsi dire élevé. Mes grands-parents et mes parents vivaient de peu. Ils se débrouillaient comme ils pouvaient pour survivre. Donc, tout petit déjà, je baignais dans cette campagne paisible au rythme des semailles et des récoltes. Cela sentait bon partout. Dans les jardins, dans les vergers.
AB : Et c’est cet héritage-là depuis ta tendre enfance qui t’a guidé tout au long de ton existence et qui te dicte ta conduite à 70 balais en vue de sauvegarder les ressources de notre planète et de trouver des solutions pour l’eau ?
RC : Tu as tout compris, mon ami !
Un prodigieux conférencier
Raphaël est un puits de science agricole. Son conservatoire de plantes et ses arbres alimentaires sont absolument uniques en leur genre.
C’est aussi un conférencier de talent très demandé ! En collaboration avec notre magazine et www.authentique-evasion.com, il sera présent en Suisse pour le plus grand plaisir de tous ses fans puis pour une série d’exposés captivants lors d’une croisière d’exception sur un paquebot de charme . Nous vous en dirons davantage au prochain épisode !
A ne pas manquer !
Découvrez la vidéo “Confidences entre amis“, réunissant Raphaël Colicci et le regretté Pierre Rabhi
Egalement la vidéo à grand succès de “La ferme qui soigne”
[1] https://www.biodynamie-services.fr/preparations-biodynamiques/bouse-corne-500.php
[2] Esperia, dans la province de Frosinone (région du Latium) est devenue une localité de plus de 3000 habitants.
En savoir plus sur Raphaël Colicci :