Après quelques missions humanitaires réalisées au Cameroun où il a battu un record médical spectaculaire,

le professeur au grand cœur a passé quelques semaines à son cabinet médical. Puis, il est reparti en Inde pour faire recouvrir la vue à de nombreux indiens. Il nous raconte sa passion : rendre la vue aux patients ! Il nous livre aussi quelques confidences sur son parcours professionnel exceptionnel et vous allez voir qu’il n’est pas dépourvu d’humour. Vous allez pouvoir l’accompagner en pensées dans sa mission, car il nous illustre aussi sa vocation caritative. La rédaction   

J’ai eu la chance de pratiquer des dizaines de milliers d’interventions chirurgicales dans le monde entier. Les gens qui me connaissent bien semblent se demander ce qui me motive et sont surpris par mon approche douce des situations difficiles et mon aversion amicale pour les grandioses éloges. Je ne nie pas que le travail que j’ai effectué soit devenu un point de référence dans mon domaine, ni que mes pairs me disent que je suis l’une des autorités mondiales en matière de glaucome. Les innombrables journalistes qui m’ont interviewé me demandent souvent comment on peut rester aussi modeste tout en étant un leader mondial ? Eh bien, je dirais que c’est une vertu quasiment indispensable !

La modestie favorise des relations interpersonnelles plus harmonieuses. Elle n’implique de ne pas se vanter de ses réalisations ou de ses compétences, ce qui peut éviter les conflits, l’envie et l’amertume dans les interactions avec les autres. Certes, j’ai inventé plusieurs techniques chirurgicales en ophtalmologie. Elles ne sont pas seulement pratiquées par nos centre Swiss Visio, mais elles sont au contraire largement utilisées dans le vaste monde. Je suis bien toujours conscient que j’ai eu l’honneur et le privilège de les développer. Vous voyez, être humble, c’est aussi reconnaître ses forces et ses faiblesses sans se surestimer du tout, mais sans non plus se sous-estimer. Cela permet d’établir des relations équilibrées et de s’ouvrir aux idées et aux perspectives des autres. Et dans notre profession de médecin, nous devons toujours être aptes à nous adapter aux modifications des connaissances scientifiques. 

Il n’y a pas si longtemps, j’ai été confronté à un épineux problème de chirurgie pour une patiente nommée Alecia. Il se trouve que lors d’un long week-end en Espagne, j’ai rencontré un éminent confrère, qui – comme moi –, est un chirurgien ophtalmologiste. Dans notre relation amicale, je lui ai confié mon inquiétude. Un ami proche qui était présent dans la propriété de mon collègue espagnol a pris des photos. Pure coïncidence, mais regardez :

À ma gauche, après que je lui ai expliqué mon problème, il me donne un croquis…

Les non-initiés n’y comprendront pas grand-chose. Disons qu’il m’a proposé une technique à laquelle je n’avais pas pensé. Elle a finalement abouti à un résultat thérapeutique et esthétique tout à fait exceptionnel pour la patiente. A mon avis de professionnel, mon collègue espagnol a eu un coup de génie. La modestie nous permet d’accepter que nous ne savons pas tout, et qu’il y a toujours quelque chose à apprendre.

Ma nouvelle mission en Andhra Pradesh

Voici comment l’on m’accueille en Inde. Vous comprendrez pourquoi il m’importe d’être modeste. Pourquoi me vanterai-je de ces accueils toujours si touchants ? Je suis tout de même content que l’on sache que je suis arrivé pour une dizaine de jours en Andhra Pradesh, car je vais traiter des centaines de patients. 

Mais d’abord où se situe l’Andhra Pradesh, me demanderez-vous ? L’Andhra Pradesh est le septième plus grand État de l’Inde. Il est situé dans la région côtière méridionale de l’Inde et possède le deuxième plus long littoral de l’Inde, soit environ 974 km. L’Etat compte environ 55 millions d’habitants. La langue officielle est le Télougou. La fondation Vision for all que j’ai créée avec d’autres ophtalmologues et moimême personnellement soutenons des hôpitaux ophtalmiques et des dispensaires. Ainsi dans une grande ville Bhimavaram, ou une plus petite à Kakinada. Cette dernière sise au bord du golfe du Bengale est vraiment adorable. Ses ruelles sinueuses racontent des histoires de marins, de marchands et de gloires. Tandis que les palmiers dansent au vent et que sur la plage où scintille le sable d’or, les vagues s’élancent avec grâce, tôt le matin. je me rends à l’hôpital. Et comme toujours, il est déjà bondé. 

Baloo

Baloo était aveugle. Je l’ai opéré l’année passée. Grâce à cette opération, il voit enfin de ses deux yeux ! Maintenant, sa vie a complètement changé. Vous ne pouvez pas vous imaginez combien il est fier et heureux de marcher sans l’aide de personne. Je lui ai rendu sa dignité de futur homme qui pourra prendre son destin en mains. Je connais bien son histoire personnelle. Figurez-vous que sa famille nomade exploite un petit cirque ambulant comme nous en connaissions il y a 100 ans chez nous. Songez à Baloo l’ours, dans la fable « Le Livre de la jungle », écrit par Rudyard Kipling et que le monde occidental connaît plutôt grâce à Walt Disney. 

Dans l’imaginaire des habitants de l’Inde, l’ours occupe une place particulière, souvent associée à des qualités, telles que la force et la sagesse. Dans l’œuvre de Kipling, Baloo l’ours est un exemple célèbre reflétant cette perception. Baloo est sage, protecteur et il enseigne au jeune Mowgli les lois de la jungle.  

Regardez : 

Avant son opération, mon patient Baloo accompagnait les artistes de cirque au tambour grâce à des signes discrets qui lui étaient donnés. Maintenant, il apprend de nouveaux rôles et c’est toute sa destinée qui va changer positivement.  

La Presse de l’Andhra Pradesch parle de notre hôpital ophtalmique et de Baloo.  Evidemment, je ne peux pas vous raconter chaque cas. Il y en a de plus simples et d’autres des très difficiles. Partout, je suis bien accueilli, mais il y a quand même des endroits ou des opérations auxquels je me souviendrai à tout jamais. C’est le cas d’une petite fille prénommée Neela. 

Le destin de Neela 

Comme au Kerala, les backwaters sont un ensemble de canaux et de lacs interconnectés, alimentés par des rivières. Tout y est fort tranquille et il s’y trouve une extraordinaire biodiversité. Les backwaters servent de voies de transport pour les marchandises, notamment le riz et les noix de coco. Elles jouent un rôle vital dans l’économie régionale et puis il y a de nombreux villages de pêcheurs. 

Un dernier contrôle avant l’opération. Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra opérer les deux yeux.

Neela est courageuse. Elle n’a pas eu peur. Mon confrère l’a rassurée dans sa langue maternelle. 

Car moi, évidemment, je ne parle pas un traître mot de la langue nationale.  Il est vrai que les parents de Neela, de très simples villageois de ces îles au milieu des backwaters ont une philosophie que nous ferions aussi bien d’adopter en Occident. Mon confrère m’a traduit ce qu’ils disaient en regardant partir Neela en salle d’opération.

« Quoi qu’il puisse arriver, demain viendra. Et Neela aura enfin une meilleure destinée »

Les parents de Neela

Voilà qui explique aussi combien mon activité caritative m’emplit de joie ! 

N’ai-je pas mentionné que redonner la vue aux jeunes et aux moins jeunes grâce à l’ophtalmologie est un moment magique ?  

[1] le terme “tributaires” désigne des cours d’eau qui se jettent dans un cours d’eau plus important. Ces affluents contribuent au débit du fleuve principal en lui apportant de l’eau provenant de leur propre bassin versant. Dans cette région-là, les tributaires jouent un rôle crucial dans l’hydrologie, car ils influence la quantité d’eau disponible et la biodiversité