L’intelligence des chats est un sujet des plus fascinants. L’un des premiers chercheurs sur notre intelligence, à nous les chats, fut le célèbre biologiste et chercheur Ruprecht Sheldrake. Depuis 1981, ses recherches incluent des thèmes, tels que le développement et le comportement chez les animaux et les végétaux et la télépathie grâce à laquelle je communique avec Alain. Mais ce chercheur a publié un tas de choses fascinantes sur les perceptions extrasensorielles et la métaphysique. Comme toujours, les idées de Sheldrake ont suscité des critiques au sein de la communauté scientifique, du moins au début. C’est la première fois que vous lirez un conte félin de ma part. Si cela devait vous plaire, je vous en écrirai(s) encore un ou deux au lieu de mes articles réguliers. Depuis votre tendre enfance, vous savez comment on commence un conte : Il était une fois….Alors voici.
Dans un laboratoire secret, il était une fois un chat que tout le monde appelait Tigrou. Tigrou n’était pas un chat ordinaire. (A propos, ne trouvez-vous pas qu’il me ressemble beaucoup ?) Des scientifiques l’avaient génétiquement modifié et lui avaient implanté une puce d’intelligence artificielle des plus sophistiquées et connectées dans son cerveau de petit félin.
Ainsi Tigrou se promenait tous les jours dans un grand et magnifique parc de la ville. Il observait les corbeaux, analysait leurs mouvements, leurs schémas de vol et surtout leurs interactions et finit par comprendre leur langage. On trouve des corbeaux presque partout sur la Planète. Dans des environnements pourtant très différents. Et cette omniprésence, des chercheurs nous apprennent aujourd’hui qu’ils ne la doivent pas seulement au simple fait qu’ils peuvent voler loin. Les chats ne sont peut-être pas les seuls à fomenter des plans pour conquérir le monde[1]
Ce langage compris, il se mit à étudier les dangereuses virevoltes des frelons asiatiques. Là aussi, il fit des progrès considérables et comprit combien ils étaient dangereux pour l’écosystème. Il apprit ce qu’aucun chat normal n’aurait appris, à savoir que vous les humains – comme nous les chats –, vivons dans un écosystème influençant énormément nos comportements. Et que, quand cet écosystème change, – car il change souvent –, c’est non seulement votre société humaine qui change, mais aussi la nôtre.
Il est clair que l’étrange comportement de Tigrou interpellait non seulement ses congénères, mais bien entendu aussi les humains. En effet, les autres chats du quartier étaient perplexes. Pourquoi Tigrou passait-il donc tant de temps à observer la nature ? Effectivement Tigrou s’était donné mission de savoir où se situait la vérité. Les uns prétendaient qu’il suffisait de planter partout, partout des arbres pour venir à bout des problèmes de dioxyde de carbone (CO2) provoquant un réchauffement climatique. Les autres brandissaient des études affirmant que planter des arbres ne servait à rien et que le changement climatique transformerait incontestablement notre planète bleue. Tigrou, quant à lui, aimait la chaleur. C’est comme moi. Je n’aime pas la neige.
Plus Tigrou avançait dans ses études, plus il se rendit compte que scientifiquement parlant, il était tout à fait impossible de prévoir l’avenir. Et en chat sage ou en sage chat, il trouva inutile de prédire des lendemains abominables. Puis il arriva à la conclusion que, finalement, peu d’humains parvenaient à comprendre combien la physique quantique avait bouleversé le soi-disant savoir des humains.
Or, un jour, une magnifique Siamoise, l’une des races félines les plus anciennes et populaires, que vous les humains adorez, vint frotter le nez de Tigrou.
Comme vous le savez c’est le mode de civilité entre petits félins pour se dire bonjour. Les habitants du Sultanat d’Oman font du reste la même chose entre eux, mais pas à l’égard des étrangers. Et vous savez bien que les Siamois sont dotés d’une grande capacité de communication. Leurs yeux bleus étonnants et leur coloration contrastée en font des chats fascinants à observer. Elena “Sable” Moreno était son nom de couverture lorsqu’elle est rentrée dans ce laboratoire. Experte en cryptographie et en décodage, grâce à son intelligence aiguisée, elle résolvait les énigmes les plus complexes et déjouait les plans des humains peu fréquentables, tels que tyrans de régimes totalitaires. Elena “Sable” Moreno avait été envoyée pour enquêter sur les activités étranges de Tigrou. Avant de frotter son nez contre celui de Tigrou, elle s’était approchée de lui en minaudant et lui dit : « Tigrou, j’ai percé ton mystère, tu es le chat algorithmique, le gardien des équations cachées ».
Tigrou ronronna de plaisir et la regarda avec ses yeux d’une extraordinaire bienveillance. « Elena, je ne sais pas comment tu as fait pour connaître ce secret, mais tu as raison. Mon cerveau est un réseau de neurones artificiels. J’arrive à résoudre des problèmes mathématiques en un clin d’œil. Pour les besoins des missions, je peux aussi changer la couleur de mes prunelles ou avoir un autre look, plus rusé que savant.
Mais il est vrai que maintenant, à force d’algorithmes et de mathématiques, je finis par me sentir seul. Les humains n’ont pas encore découvert les avantages d’un excellent partenariat. Pourquoi alors ne pas travailler ensemble, toi et moi ? Les humains sont la plupart du temps des concurrents. En coopérant ensemble, nous pourrions faire avancer l’humanité. Les humains pourraient enfin apprendre à nous comprendre mieux, ne crois-tu pas ?
Moi, Aladin le Malin, ne sais hélas pas vous dire à quoi ces deux faisaient allusion. Mais je puis vous assurer qu’ainsi débuta leur aventure. Tigrou et Elena travaillèrent en tandem, utilisant leur intelligence de chat et celle artificielle.
Et c’est ainsi que le félin cryptographe devint une légende, tout au moins dans leur quartier. Les humains racontaient des histoires sur ce chat mystérieux qui pouvait résoudre n’importe quel problème. De plus en plus de gens allaient savoir que c’est aussi grâce à l’intelligence artificielle qu’ils devenaient une équipe imbattable, à condition toutefois de bien toujours vérifier l’authenticité du contenu et des images proposés par l’IA.
Moralité de ce conte de chat ? Peut-être que, vous aussi, les humains pourriez non pas craindre l’intelligence artificielle, mais l’utiliser à bon escient ? Miaou… et la prochaine fois, j’vous le jure, je reviendrai à mes histoires habituelles.
[1] Comment les corbeaux ont conquis le monde (futura-sciences.com)