Depuis plus de dix ans, Pascal Frédéric immortalise l’astre de la nuit dans ses plus beaux apparats. Satellite qui fascine et influence les hommes depuis la nuit des temps, la lune se dévoile pour vous dans un diaporama qui retrace les plus belles émotions de Pascal. Quelques instantanés saisis au coeur de la nuit.
Pascal, peux-tu te présenter brièvement à nos lecteurs ?
Bonjour, je suis un jeune retraité de 60 ans, vosgien “pur souche”, né à Remiremont. j’habite à Gérardmer depuis 1985. Je suis marié et j’ai deux enfants.
La photo, ça t’est venu comment ?
J’ai toujours été attiré par l’image en général: vidéo, photos et ce, depuis l’enfance. Avec mon père, nous fabriquions les bandes son (bruitage, musique) de nos films Super 8 muets de l’époque. J’avais 8-10 ans.
Puis, un passage dans une association “club photo” amateur m’a fait découvrir le développement argentique N&B dans les années 1977-78.
Ensuite, à la venue du numérique, tout s’est accéléré. Et surtout, tout est devenu simple et accessible. Désormais, on peut faire facilement 500 photos et après, on trie. Ça donne une liberté créative presque infinie. On se permet plus d’essais techniques en modifiant les paramètres de prises de vue, de lumière, de vitesse, de profondeur de champ. Bref, on teste tout ce qu’on a envie d’essayer.
Je pratique ce que j’appellerais la “photo-passion”.
Et, depuis que je suis à la retraite, la photo est devenue une activité quotidienne!
D’où vient cette passion de photographier la lune, précisément?
En fait, c’est venu naturellement. Je fais beaucoup de paysages, de l’aube au crépuscule, des sorties de nuit, des filets d’étoiles, la voie lactée… Donc la lune, c’est venu presque par opportunité! Et puis, elle est tellement différente à chaque photo. De jour, de nuit, ciel clair, voilé, étoilé, quartier, gibbeuse (lorsqu’elle est auréolée d’un voile de brume blanchâtre qui donne une belle lumière), pleine, rousse… Tant de conditions différentes et du coup, autant de techniques de prise de vue à trouver. Quand on aime…!
Y-a-t-il une part de fascination ?
Sans parler de fascination, le spectacle que nous donne cet astre à chaque sortie me comble de bonheur. J’ai la chance de pouvoir l’observer depuis mes fenêtres. Pour moi, c’est un magnifique cadeau. Chaque quartier, chaque pleine lune, si elle est jolie, un clic et je l’immortalise. Ce que je cherche, c’est la lumière car c’est elle qui donnera au cliché un rendu et un cachet exceptionnel… ou pas!
Ne t’es-tu jamais lassé ?
Non, pour l’instant, pas du tout ! Comme évoqué plus haut, les conditions font que chacune de ses apparitions est unique. Et puis, quand je pars pour un shooting, il y a des aléas : les conditions peuvent changer très vite. Un peu de vent, des nuages et on rentre bredouille.
Par ailleurs, j’essaye constamment de faire une composition de l’image : trouver des premiers-plans, des éléments de décor qui viennent enrichir l’image.
De nombreux peuples et civilisations vouaient un culte à la lune. Lorsque tu l’observes, penses-tu à eux? Car c’est sans doute la seule image intacte de notre monde qu’on voit comme ils la voyaient à l’époque ?
Que penses-tu de cette réflexion ?
Sans penser aux croyances diverses, on ne peut que constater l’influence de la lune sur notre vie quotidienne : marées, jardinage, perte de sommeil pour certain, calendrier lunaire romain… nature à l’état pur et que pour le moment on n’y a pas touché, pourvu que ça dure.
Le voyages lunaires seront bientôt une réalité, tu vois ça comment ?
Il y a l’attrait touristique, bien entendu, mais de tels voyages seront réservés à des élites. Je vois mal le développement de liaisons Terre-Lune comme on a actuellement des Paris-New-York. Après, il ne faudrait pas que ça devienne un Disney Land, ce serait vraiment dommage. Mais, je ne conçois pas cela dans les prochains temps.
Vois-tu seulement un cercle serti de cratères ou cela va-t-il plus loin ?
J’y vois un bel objet céleste, unique satellite de la terre, bien visible à l’œil nu, cachée différemment chaque jour (ou chaque nuit) par l’ombre de la terre.
À force d’observer le ciel, as-tu vu des phénomènes que tu ne saurais expliquer ?
Non, pas spécialement de phénomènes inconnus. J’aime les photos de nuit, notamment la voie lactée par ciel clair avec les étoiles filantes. Mais le ciel est de moins en moins “propre”: la pollution lumineuse des villes est de plus en plus présente, et bien sûr, la pollution atmosphérique également.
Quelle est la plus belle photo que tu aies prise de la lune ?
C’est compliqué de répondre. Il y en a beaucoup, mais les lunes rousses sont particulièrement jolies. En 2018, nous avons eu droit à ce que les spécialistes appellent une cinquantenaire de lune rousse: elle était d’un rouge sang absolument inhabituel. C’est la lune la plus rouge que j’aie jamais vue! Un joli ciel, de bonnes conditions et une lune toute rouge m’ont permis de faire des clichés exceptionnels.
Existe-t-il un rituel, une préparation lorsque tu pars à la recherche du Graal? Y’a-t-il un côté cérémonial, mystique?
Oh, rien de mystique! Mais une petite préparation en amont afin d’essayer d’avoir “le cliché” ! Pour mettre toutes les chances de son côté, il est important de savoir à quelle heure et où elle se lève par rapport à l’endroit ou on est. La technologie nous aide bien en ce sens. Il existe aujourd’hui des applications donnent à la minute près et en fonction de ta position GPS l’heure et l’endroit où la lune va sortir, à la minute près. Tu peux donc faire tes réglages au préalable quand il fait encore jour, ce qui est bien plus confortable. Ensuite, j’attends en espérant qu’il n’y ait pas de nuages, de vent. On a toujours ce que j’appellerais “une appréhension positive”.Et si on rentre bredouille, aucuns soucis, on remettra ça !
Aimerais-tu faire un cliché en particulier?
On attend toujours les éclipses. Mais c’est compliqué au niveau technique mais aussi météorologique. Il faut un ciel bien clair. Les conditions à remplir simultanément sont nombreuses, ce qui rend le challenge encore plus difficile.
J’aimerais faire une super-éclipse totale avec un joli premier plan (une église, une arbre, un clocher) mais là encore, il faut une chance inouïe. J’ai déjà photographié des éclipses mais le résultat na pas été probant car les conditions n’étaient pas réunies.
Et sinon, le graal : photographier la face cachée de la lune !!:-D
Pascal, merci pour ces explications qui nous permettent de comprendre ta passion. Es-tu d’accord de terminer cet interview avec des questions un peu plus légères?
Allons-y !
Es-tu lunatique ?
Non, pas du tout. (C’est moi qui le dis!)
« J’ai demandé à la lune ». Tu lui as demandé quoi ? Et qu’a-t-elle répondu ?
De poser pour moi !
Dark side of the moon, ça évoque quelque chose pour toi ?
Oh, Pink Floyd ! bien sûr. C’est un album que j’aime écouter du début à la fin.
« Walking on the moon », marcher sur la lune, tu en rêves ou tu préfères l’admirer d’ici ?
Clairement oui, ce ne serait pas si mal !! Mais on se contente de l’admirer d’en bas ! On fait avec les moyens du bord!
Enfant, as-tu lu les albums de Tintin « Objectif Lune » et « On a marché sur la lune » ?
Oui, lus mais pas spécialement pour la lune. Il n’y avait pas encore cette attrait. Ce qui me plaisiat par dessus tout dans Tintin, c’est l’imaginaire, les voyages. J’ai encore les albums et ce n’est pas exclu que j’en relise un ou deux prochainement.
Connais-tu le groupe « Gens de la Lune » ?
Non, mais c’est une jolie découverte. Je connais musicalement Francis Descamps, un des membres fondateurs de “Ange”, groupe de rock français mythique dont les vinyles tournaient sur nos platines dans les années 70 et 80.
Si tu parvenais à aller sur la lune, tu ferais des photos de la Terre ?
Oh que oui !!!
Est-ce qu’enfant, tu étais souvent dans la lune?
Non, pas que je sache.
As-tu déjà décroché la lune pour quelqu’un?
J’aime autant quelle reste à sa place…!
As-tu la tête dans les étoiles?
Un peu, mais juste pour les admirer.
Le mot de la fin?
Lunaire !!!
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