L’ultime vannier de Vallabrègues

Panier en osier fabriqué par le dernier vannier de Vallabrègues.

Vallabrègues, petit village en Terre d’Argence m’a tout de suite séduit. Ce petit village typique a d’ailleurs une histoire bien particulière. Baigné par le Rhône, il a souvent subi les caprices du fleuve. Du coup, il a offert ses terres à la culture de l’osier. Lisez aussi notre rubrique Nature, car je vous parlerai non seulement d’une petite escapade dans ce délicieux coin de Provence, mais aussi ce végétal. Vallabrègues se situait jadis sur la rive droite du Rhône, mais depuis que cela ressemble à une île entourée par les eaux, ce village est aujourd’hui sis sur la rive gauche du Rhône.

D’abord une ambiance particulière

Une bien sympathique ruelle de Vallabrègues
Une bien sympathique ruelle de Vallabrègues en Terre d’Argence.

De fait, si des paniers sont accrochés dans les rues, c’est que c’est la fête de la vannerie ! Depuis 30 ans, chaque 2e week-end d’août, Vallabrègues célèbre une bien jolie tradition : la fièvre des baïssiers, c’est-à-dire le joyeux retour au village des hommes partis plusieurs semaines récolter le roseau de Camargue. Aujourd’hui, à l’occasion de cette fête, villageois et touristes se promènent en charrette, tandis que des artisans de toute l’Europe exposent leurs vanneries . Il est vrai que ce métier enseigné à l’École Nationale de Vannerie et d’Osiériculture de Faÿl-Billot (Haute-Marne) tend aujourd’hui à disparaître en France, comme dans les autres pays, d’ailleurs, d’où mon reportage.

C’est non loin de cette ruelle, que je découvre, au cœur du village, une petite boutique d’artisan, sise à quelques encâblures du musée de la vannerie.

Piqué par ma curiosité, je suis entré dans son atelier. Au début du 20e siècle, il y avait encore 40000 vanniers en France. Puis, durant l’entre-deux guerres, cette branche fut concurrencée par l’usage d’autres contenants moins nobles donc moins coûteux, notamment importés d’ailleurs. Dans la région, il y avait encore plus de 600 vanniers. Il n’y en a plus qu’une centaine en France et à peine une vingtaine en Suisse.

L’oiseau rare

Daniel Benibghi, vannier, a décidé de s'installer à Vallabrègues en Terre d'Argence.
C’est là que s’est fixé Daniel Benibghi, vannier de son état.

Aujourd’hui Daniel Benibghi est le tout dernier vannier de la région. Fait également rare de nos jours: il possède sa propre oseraie.

« Je pratique ce métier depuis 30 ans. J’ai débuté en Isère, puis je suis venu ici, à Vallabrègues où j’exerce depuis 15 ans » me dit-il. « Et comment travaillez-vous le rotin ? » Ma question le fait sourire. Je me rends aussitôt compte que c’est là la bourde classique des ignorants et je ne fais pas exception, car je sais bien peu de choses à ce sujet. Il me répond avec bienveillance : « Je cultive mon propre osier, car c’est la meilleure façon d’avoir de la qualité. Près d’un lotissement à la sortie du village, mon oseraie est située sur un ancien bras du Rhône nommé la brassière du Rhône à cause des inondations survenues en 2003.
Les terrains n’étaient pas constructibles, on m’a donc cédé une parcelle.
La terre y est riche en limon avec une eau à 2m50 en profondeur. Ce sont des conditions idéales pour cette culture. J’ai une superficie de 1000 m2 qui me produit suffisamment d’osier».

Daniel Benibghi a de la chance : dans une première vie professionnelle, il était métallier. Il fabriquait certains de ses outils. Il utilise des outils anciens comme la batte d’un vannier vallabréguant ayant 200 ans d’âge au moins. Il utilise un épluchoir ressemblant à un sécateur moderne, puis un poinçon utilisé dans la branche du cuir. Avec toutes sortes de gabarits, il se sert d’une petite dizaine d’outils pour pratiquer son art.

…et créativité

Daniel Benibghi réalise des paniers de tout genre, pour la cueillette des fruits, des champignons…) aux paniers de lavandière. Mais il vous fabrique aussi des caddies pour les courses, des coffres, des hottes, des lustres et tant d’autres objets même des plus bizarres.

Une tarasque baptisée Dragosier par Christian Lacroix.
©DR

«Un jour Christian Lacroix, ce grand couturier français, a dessiné et revisité une tarasque, Il l’avait baptisé «dragosier». Il fait 3 m de long j’avoue que malgré tout mon savoir et ma pratique, le dragosier a été assez difficile à fabriquer. Si vous allez au château de Tarascon, vous verrez pas mal de mes œuvres dans une salle ». 

Daniel Benibghi

Le mot de la fin pour nos lecteurs?

«Pour pratiquer ce métier, il faut avoir beaucoup d’idéalisme, voire une passion pour la vannerie!»
En effet, vivre de ce métier est difficile, car on ne dépasse guère le smic si toutefois, par chance, on l’atteint. Aussi n’est-ce guère surprenant que les jeunes tournent le dos à ce métier. Il faut donc accepter toutes les demandes et s’accrocher pour percer.

Le musée de la Vannerie à Vallabrègues en Terre d'Argence.
Le musée de la Vannerie à Vallabrègues en Terre d’Argence.

Vous pouvez contacter l’artiste au +33 (0) 4 66 59 18 70

A deux pas de l’Atelier de Daniel Benibghi vous découvrirez

le MUSEE DE LA VANNERIE

Créé en 1994 par des passionnés, le musée s’emploie à exposer toutes sortes d’objets anciens et insolites sinon mystérieux. Le musée maintient ainsi vivante tant la tradition que la mémoire d’un artisanat presque oublié de nos jours.

Musée de la vannerie
Ouvert sur réservation
Réservation : www.provence-camargue-tourisme.com

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