Découverte-mag n°14

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J-L Asté : un éclat fulgurant de lumière orientale

J-L Asté, le jardin des Tuileries

Votre magazine Découverte accorde une large place à la culture. Cependant, évoquer l’art n’est pas à la portée de tout un chacun. La direction de publication s’est entourée de spécialistes ès art. Nous vous présentons ici l’évocation d’un artiste du Midi, peu connu, dont l’éminente Nathalie Gineste a bien voulu nous conter l’histoire.
Vous retrouverez du reste les détails à propos de Nathalie Gineste dans notre annuaire
.

Drouot, Sotheby’s voient passer de ses œuvres de temps en temps. Sa côte monte. Et le Bénézit le connaît, lui. Et vous, le connaissez-vous ? Voici en bref son histoire.

Jean-Louis Asté (artiste peintre montpelliérain 1864-1943)

Jean-Louis Asté nous est peu connu. Pourtant, il a réellement compté dans la vie artistique de Montpellier, entre 1902 et 1943. Il y a enseigné pendant 30 ans et reçu les honneurs dus à son talent. La Société Artistique de l’Hérault lui a ouvert son administration. Il a été président dans les collections du musée Fabre. Rappelons que le musée Fabre est le principal musée des beaux-arts de Montpellier. Vous y trouverez de magnifiques collections.

Une vocation précoce

J-L Asté,  Rue des Écoles Laïques (1917), huile sur toile, 33x40 cm
J-L Asté, Rue des Écoles Laïques (1917), huile sur toile, 33×40 cm.

Né en 1864 à L’Isle Jourdain dans le Gers, Jean-Louis Asté entre à l’école des Beaux-arts de Toulouse en 1884. Il y reçoit un prix ministériel, section peinture. L’année suivante, il obtient de la même école un «petit prix de peinture, composition, 2ème année». Il obtient son «premier prix, avec bourse de voyage» grâce à son œuvre Hector blessé sous les murs de Troie, acquis par le Musée des Beaux-arts de Toulouse et pour lequel il obtient une médaille. De 1885 à 1889, il est employé comme modèle vivant et étudie le dessin.
En 1889, il devient l’élève de Jean-Paul Laurens qui le prend dans son atelier à l’académie Julian de Paris qui prépare au concours de l’École des Beaux-arts de Paris. Son tableau Dante et Virgile aux enfers lui vaut une médaille d’or à l’Exposition de Toulouse en 1894. Il est admis pour la première fois, en 1896, au Salon des Artistes Français dont il devient membre titulaire.
C’est son mariage avec Marie-Louise Alquier, de Saint Chinian, qui le fera s’installer définitivement à Montpellier, après une formation traditionnelle et fructueuse, acquise auprès de ce qui se faisait alors de mieux en matière d’enseignement du métier. Il s’installe dès 1902 au 7, rue des Écoles Laïques, comme peintre-décorateur et professeur de dessin aux Cours Fénelon (dirigés par Mme Véziat et Melle David). Un «Autoportrait » est exposé au Salon de la Société Artistique de l’Hérault la même année. En juin 1904, il reprend l’atelier de l’artiste peintre Cyprien Magnien, élève d’Ernest Michel, au 41 rue de l’Aiguillerie. Notons pour l’anecdote, qu’il se fournissait en matériel artistique auprès de M. Dezeuze, qui tenait boutique dans la même rue ! Il présente, cette même année, deux tableaux au Musée Fabre : un Portrait de Mme G. et un paysage la Mosson à Juvignac. Monsieur René Maurey, le collectionneur de la revue LA VIE MONTPELLIÉRAINE, les remarque et il rend visite à l’artiste dans son atelier pour un entretien. Les succès locaux semblent dorénavant assurés. Montpellier adopte Jean-Louis Asté, dont la carrière semble prendre un bel essor.

Rompre le symbolisme pour tendre vers des œuvres plus réalistes

J-L Asté, Rue de Lamalou, huile sur toile, 73x57 cm.
J-L Asté, Rue de Lamalou, huile sur toile, 73×57 cm.

Il rompt tout à fait le symbolisme et plus tard, la guerre finira par renforcer encore cette tendance vers une certaine expression de la réalité. Les paysages vont prendre une place de plus en plus importante dans sa production. Il a une prédilection pour certaines régions : Lamalou-les-Bains, Cannes, Martigues, Nice, Toulouse. Ainsi que pour l’Orient, qui apparaît plusieurs fois dans ses toiles et dont il a retenu la lumière. Médaille de vermeil à Valence (1907), médaille d’argent à Montpellier (1908), il participe au Salon des Indépendants à Paris à partir de 1910. Cette année est véritablement faste. Il est nommé Officier d’Académie, exposé au Salon de la Société Artistique de l’Hérault et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. La carrière d’Asté est maintenant celle d’un peintre à succès, connu des amateurs et des salons.

En 1922, nommé trésorier de la Société Artistique de l’Hérault, il montre sa production à Montpellier auprès de celles de Max Leenhardt, Edouard Marsal, Cyprien Magnien, Jean-Aristide Rudel -son grand ami- et de sa voisine Georgette Richard (dont l’œuvre ne nous est absolument pas connue). Participe à cette exposition Henri Martin.

J-L Asté - toile de 1932 : Vue de Sète, canal et quai.
Toile de 1932, « Vue de Sète, canal et quai »

Dès lors les expositions se succèdent : Béziers en 1925, avec des paysages, Paris en 1927 au Salon des Artistes Français et au Grand-Palais, où il récidivera régulièrement jusqu’en 1930. En 1928, il est remarqué aux fêtes du centenaire du Musée Fabre de Montpellier avec Alfred Boisson, Max Leenhardt, Bazille, Galot, Causse… Cette même année le voit exposer à la Galerie Grégoire, Grand’rue, à Montpellier, et recevoir le grade d’Officier de l’instruction Publique. A partir de 1931, il développe une boutique-atelier, au 12 bd Ledru-Rollin.

Le Musée Paul Valéry de Sète a acquis en 1982 La vue de Sète, canal et quai. Membre de la Société des Artistes Français, en 1933, il voit une de ses œuvres, acquise par l’État qui l’offre au Négus d’Ethopie, Hailé-Sélassié 1er. Elle entre alors dans les collections du Musée d’Addis-Abeba ! En 1935 -enfin, pourrait-on dire!- le Musée Fabre acquiert une huile sur toile Vieux port de Ciboure à marée basse.
Malheureusement pour les montpelliérains, cette œuvre a été mise en dépôt par le Musée à la sous-préfecture de Lodève.

Des paysages empreints de douceur fraîche, d’éclaboussures de soleil

Jean-Louis Asté s’oriente vers des paysages empreints de douceur fraîche, d’éclaboussures de soleil dans les sous-bois, de monts bleus ou violets suivant l’heure de la journée, de près gras et verts, de taches d’ombre, où la nature est synonyme de calme majestueux. Ses paysages de prédilection sont les environs de Montpellier, Sète, Lamalou-les-Bains…
Il exécute également de nombreux portraits de sa femme Louise Alquier, et développe, entre autres thèmes de prédilection, la représentation de la femme âgée.

J-L Asté, Mme Asté, pastel sur papier (détail)
Mme Asté, pastel sur papier (détail).

Ces œuvres peuvent contenir un éclat fulgurant de lumière orientale, comme dans la toile Jésus allant à Jérusalem. Il utilisera plus tard de larges taches lumineuses, et s’inspirera du style néo-impressionniste d’Henri Martin, accueilli par la Société Artistique de l’Hérault.

Excellent professeur, il enseigna les arts du dessin à l’école Saint-François Régis et au Centre des Mutilés à Montpellier. La ville de Montpellier fut marquée par son enseignement de 30 années au Collège Catholique et par la réalisation de portraits de nombreuses personnalités montpelliéraines.

Jean-Louis Asté, retraité, sans entourage, décédera le 9 septembre 1943 aux Cliniques St Éloi à Montpellier, à l’âge de 79 ans, après une courte maladie. Un employé de l’hôpital sera chargé du transfert du corps de l’artiste au cimetière St Lazare à Montpellier, où il sera enterré sur un terrain désaffecté.
N’ayant aucun héritier à réserve, ni ascendant ni descendant, sa succession revient à son frère François Asté et sa sœur Marié Asté, qui en mettent la totalité à la vente. Ses œuvres se retrouvent aujourd’hui dans diverses collections particulières en France, en Suède, en Angleterre, en Suisse et en Roumanie.
Mais à nous, montpelliérains, que reste-t-il de lui qui a achevé sa route dans la fosse commune de St Lazare ? Même pas une tombe à honorer, même plus un tableau à apprécier.

Notes

Bénézit : Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d’écrivains spécialistes français et étrangers.; Ed Gründ – 2000. Ce dictionnaire du nom de son premier rédacteur Emmanuel Bénézit a été racheté en octobre 2010 par le groupe Oxford University Press, qui l’a mis en ligne dès l’an 2011. 175 000 ( !) entrées et pas moins de 13 440 pages.

Le Musée P. Valéry possède 3 toiles d’Asté.

Musée Fabre, 1935 : Dossier d’œuvres n°35-1-1.

Ce terrain désaffecté désigne en fait la fosse commune (registre d’inhumation – Cimetière St Lazare – Montpellier).

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