Découverte-mag n°14

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Que faire face à la peur ?

Une forêt la nuit, dans un léger brouillard suscite une peur irraisonnée attisée par toutes les histoires qu'on nous a racontées enfant.

La peur de la peur d’attraper le virus du Covid 19. On a rabâché cette peur des millions de fois, dans la presse écrite ou numérique, à la télé, à la radio. Comme si la peur était un élément totalement nouveau. Eh bien non, depuis que la créature –humaine, animale ou autre (car que sait-on des végétaux à ce propos?)– existe, la peur a toujours joué un rôle capital dans nos vies. Le sujet est d’ailleurs tellement vaste, que je me propose d’écrire toute une série d’articles pour vous permettre de mieux la comprendre et de vous préparer à y faire face avec succès. C’est tout un programme!

Sun Tzu

Vous allez tout de suite comprendre pourquoi j’évoque d’abord Sun Tzu. Ce n’était pas le véritable nom de ce général chinois du VIᵉ siècle av. J.-C. On l’a nommé aussi Sun Tse ou Sun Zi ou encore Souen Tseu. Officiellement, il s’appelait Sun Wu de son vrai nom. Il est surtout devenu célèbre en tant qu’auteur de son ouvrage de stratégie militaire le plus ancien connu : L’Art de la guerre.

L’humanité a retenu de très nombreuses de ses citations, notamment :

Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux.

Sun Tzu

C’est sans doute la maxime la plus courte que j’aurais retenue si la place m’était compté dans Découverte magazine. La peur renvoie non seulement à plusieurs sentiments, mais encore à des degrés d’intensité. Nous la traiterons donc d’abord comme une ennemie, bien qu’elle ait aussi souvent un autre rôle à jouer. Je n’oublie pas, en effet, que la peur s’inscrit dans les profondeurs de notre cerveau reptilien et fait partie intégrante de l’instinct de conservation. J’emprunte à l’Université de Genève un résumé qu’elle a mis en ligne au sujet du cerveau reptilien. Pour Sun Tzu, tout est dans la préparation, la coordination et la qualité des renseignements économiques recueillis pour vaincre l’ennemi:

Qui connaît l’autre et se connaît lui-même, peut livrer cent batailles sans jamais être en péril. Qui ne connaît pas l’autre mais se connaît lui-même, pour chaque victoire, connaîtra une défaite. Qui ne connaît ni l’autre ni lui-même, perdra inéluctablement toutes les batailles.

Sun Tzu

La connaissance et les degrés d’intensité

Silhouette de femme qui inspire la peur, l'angoisse, l'horreur.

Depuis le temps que la philosophie existe, les grands philosophes nous ont légué une pensée constituant l’un des meilleurs remèdes pour surmonter nos peurs et retrouver toute notre puissance d’action. Pour Baruch Spinoza (1632- 1677), par exemple, c’est la connaissance qui constitue le seul remède contre la peur, car en prenant connaissance des causes qui nous déterminent, nous nous libérons de la crainte engendrée par l’ignorance.
Il est patent que nous avons peur de ce qui est sujet à nous faire du mal ou mal. Donc revenons à Sun Tsu et son «qui connaît l’autre…»
Je vais tenter de dresser une liste alphabétique des degrés d’intensité. Ensuite, grâce aux exemples que je vous fournirai, vous y verrez plus clair.
La peur peut être exprimée par 16 expressions. Il y en a encore d’autres, tant et si bien que ma liste ne saurait être exhaustive.

Affolement,
Appréhension
Angoisse
Anxiété
Crainte
Effroi, épouvante
Frayeur
Horreur
Inquiétude
Panique,
Phobie,
Peur (je la renomme ici expressément)
Répulsion
Stupéfaction
Terreur
Trac

Le cerveau reptilien

Une vipère bleue pour illustrer le cerveau reptilien.
Un reptile de la couleur de la peur : bleu!

Il est appelé le cerveau primaire ou primitif ou encore cerveau archaïque. Les êtres humains avaient à l’origine, essentiellement un premier cerveau reptilien dont l’homme conserve encore bien des instincts de base (dont l’instinct de conservation). Il correspond chez l’être humain aux systèmes nerveux du tronc cérébral. Il est malgré sa petite taille d’une grande complexité. Certains animaux (vertébrés inférieurs, reptiles…) sont régis uniquement par ce cerveau. Il est la source des comportements primitifs qui répondent à des besoins fondamentaux. Il assure, entre autres, la sauvegarde de l’individu et de l’espèce. Ces comportements sont incapables d’adaptation et restent insensibles à l’expérience du fait que le cerveau primitif n’a accès qu’à une mémoire à court terme. Le cerveau reptilien agit toujours selon des schémas rigides et stéréotypés: une même stimulation produira toujours le même effet. Par exemple, conservée depuis des générations, la fuite inscrite héréditairement dans chaque individu, est un mécanisme nécessaire, imparable, stéréotypé. Le noyau dit “amygdalien”, en particulier, commande l’agressivité, le souci du territoire et de sa défense. Il correspond à notre univers non-verbal de gestes et comportements automatiques.  Il est le lieu de la routine, des itinéraires fixés à l’avance, des rituels, des cérémonies… De ce fait, le “langage reptilien” est essentiel dans les relations humaines. 

La peur… mon amie ou mon ennemie?

Homme terrorisé dans son lit après avoir vu l'exorciste.

La peur est incontestablement l’une des émotions les plus fondamentales chez l’être humain ou chez l’animal. Elle sera mon amie, si elle m’incite à la fuite et réanime mon instinct de conservation. Elle sera également mon amie si elle m’incite au combat quel qu’il soit. Par exemple, s’en remettre à justice ou se défendre d’une autre manière. Dans cette première réflexion, on se posera alors la question suivante : ma peur est-elle nuisible ou, au contraire, utile? Mais utile dans quelle mesure? Ma peur peut-elle se transformer en conviction, par exemple, et qu’en l’analysant bien, je vais trouver une solution acceptable pour moi ?
Ma peur est-elle strictement individuelle ou au contraire collective comme l’ont démontrée les peurs collectives mondiales face au Covid 19? Régionales, face à la peste que Camus a si bien décrite dans son ouvrage éponyme ou Jérémias Gotthelf dans sa nouvelle L’araignée noire ou encore Jean Giono dans son magnifique roman Le Hussard sur le toit narrant la Provence en proie à une épidémie de choléra?
Il convient aussi de s’interroger. Ma peur est-elle majeure, importante, cruciale ou au contraire vague, légère, à peine perceptible? Est-elle ensuite bien réelle, parce qu’on la ressent du fond de ses tripes (on voudra bien me pardonner cette métaphore)?

Vous aurez compris que l’on peut déféquer par trouille. Ou serait-elle plutôt illusoire ? Est-ce bien raisonnable ou plutôt totalement stupide d’avoir peur dans telle ou telle circonstance?

À suivre…

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