Olga Barben… une voix magique ! 

Olga-Barben_La-Grange_decouverte-musicale_@Ralph Schafflützel
©Ralph Schafflützel

L’opéra permet aux mélomanes de vivre des émotions intenses, de découvrir des histoires passionnantes et de s’émerveiller devant le talent des artistes. Bien avant l’avènement du 7e art qui permet aussi d’assister à un opéra depuis une salle de cinéma, l’opéra fut et est encore un genre musical qui fascine les mélomanes. Il combine la beauté de la voix humaine, la richesse de l’orchestre, la puissance du drame et la splendeur des décors et des costumes. L’opéra n’est évidemment pas réservé aux élites, mais il s’adresse à tous les passionnés de musique. Ce qu’Olga Barben, spinto soprano, se propose de présenter au public de la Grange, le 7 octobre prochain, est naturellement un immense défi. Elle chante seule 10 morceaux, choisis parmi un riche répertoire. A nouveau notre éditeur l’a interviewée. La rédaction  

AB : L’opéra est un art total, qui réunit plusieurs disciplines artistiques : la musique, le chant, le théâtre, la danse, les arts plastiques, etc. L’opéra propose ainsi une expérience sensorielle et esthétique unique sollicitant tous les sens du spectateur. Olga, ne prenez-vous pas un certain risque artistique en étant ainsi privée de plateau ?  

OB : Oh, la Grange aux Planches n’est évidemment pas le plateau de la Scala de Milan ni celui de San Carlo, à Naples (rires), mais c’est largement compensé par la proximité de mon public. Les gens peuvent ensuite me parler. Il y a un échange fabuleux et c’est cela que j’aime. Ici, on est en pleine nature dans le canton de Neuchâtel que j’adore. J’aimerais un jour pouvoir chanter des airs en pleine nature. Les arbres séculiers seraient alors un décor fantastique.  

Olga-Barben_L'arbre_decouverte-musicale_@Ralph Schafflützel

 D’ailleurs, j’aime les arbres…

Olga Barben

AB : Chère Olga, vous êtes spinto-soprano et avez donc la clarté et les notes aiguës faciles d’une soprano lyrique, mais qui peut être “poussé” pour atteindre des sommets dramatiques sans forcer. Je crois savoir qu’avec le type de voix qui est le vôtre vous êtes apte à gérer avec habileté et aisance les changements de dynamique dans la musique que vous interprétez. Parlez-nous un peu des compositeurs que vous avez choisi. Que de l’amour ? 

OB : Oh, si seulement ! Malheureusement, dans la vie, il n’y a pas seulement qu’amour et félicité. Je commence par O cesseate di pagarmi qui est de l’amour, mais totalement compromis. Cet aria de l’opéra Il Pompeo, composé par Alessandro Scarlatti en 1683 est en fait une véritable lamentation, où le personnage de Sesto exprime sa douleur face à l’indifférence de sa bien-aimée Cornelia. L’aria original est divisé en deux parties : la première est un récitatif accompagné où Sesto implore Cornelia de cesser de le faire souffrir ou de le laisser mourir. La seconde est un aria da capo où Sesto compare les yeux de Cornelia à des serpents cruels et sourds à ses soupirs.  

AB : Votre seconde interprétation Daigne, Seigneur, nous faire miséricorde de Haendel aurait-elle pu consoler Sesto ?  

OB : (éclat de rire). Je ne pense pas. C’est plutôt Mon cœur s’ouvre à ta voix qui lui aurait fallu. Et c’est ma troisième interprétation,  

AB : Vous avez raison, l’aria composé par Saint-Saëns est un chant d’amour et de séduction, où Dalila exprime son désir pour Samson. Mais là aussi, il me semble que c’est un amour faussé, puisqu’elle tente de lui faire révéler le secret de sa force.  

OB : Ah, l’amour, hein ? Au moins avec mon interprétation de Habannera, de Bizet, Carmen chante un chant d’amour plein de liberté et surtout défiant les conventions et les lois.  

AB. (rigole) Etrange pour une députée au Grand Conseil neuchâtelois, non ? 

OB : Vous avez bien la liberté de presse vous, l’éditeur. Pourquoi n’aurais-je pas, moi, aussi cantatrice, la liberté de l’art musical ? La Habanera a un rythme syncopé et sensuel évoquant l’exotisme et le mystère de l’Espagne.  

AB : Vous chantez ensuite Una furtiva lacrima. Je pense que c’est l’air le plus célèbre de l’Elixir d’amour de Donizetti.  

OB : Il exprime la joie de Nemorino. Adina, qui est secrètement amoureuse de lui, est jalouse et émue. Nemorino remarque une larme dans ses yeux et comprend qu’elle l’aime. Il chante donc alors sa gratitude envers le ciel. 

AB : Vous reprenez ensuite le même thème de la gratitude du compositeur Ponchielli.  

OB : L’opéra La Gioconda est pratiquement la seule œuvre de Ponchielli à avoir connu un succès durable. L’aria est chanté par le personnage de La Cieca, la mère aveugle de la Gioconda, qui est accusée à tort d’avoir jeté un sort à la rivale de sa fille, Laura. La Cieca implore la clémence du ciel et remercie le noble Enzo, qui la défend contre la foule.  

AB : Donc, à nouveau douleur, résignation et gratitude ?  

OB : Oui, mais j’ajouterai personnellement encore le mot de bénédiction. C’est pourquoi que j’enchaîne avec l’Ave Maria de Schubert.  

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AB : Voilà une Marie photographiée au cours de notre récent périple au Portugal dans la splendide église très moderne de Guimarães. Vous avez raison de poursuivre votre récital par une image paternelle.  

OB : N’est-ce pas ? Dans son opéra intitulé Gianni Schicchi, Giacomo Puccini, fait chanter Lauretta, la fille de Gianni implorant son père de lui permettre d’épouser Rinuccio, l’homme qu’elle aime, en dépit de l’opposition de sa famille.  

AB : Avec Mozart, vous chantez son Laudate Dominum sans doute le plus connu de son œuvre exprimant la louange et la gratitude envers Dieu.  

OB : Le texte de cet aria provient du psaume 117 de la Bible et rend gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.  

AB : Et vous finissez votre récital par Si mi chiamano Mimi de Puccini ? Pourquoi ? 

OB : Parce que cet aria, extrait de la Bohème est surtout l’une des œuvres les plus populaires de Puccini.  

AB : Oui mais encore une histoire qui finit mal, puisque c’est une histoire d’amour tragique entre Laura (alias Mimi) une couturière dans le Paris du 19e siècle et Rodolfo. 

OB : Que voulez-vous, mais au moins Mimi lui dit qu’elle aime le printemps, les fleurs, les choses qui ont une douce magie et de l’amour.  

Et n’est-ce pas cela qu’il faut chanter ?  

AB : Savez-vous qu’on ne se lasse pas de vous parler ni de vous écouter chanter ? 

Les images d’Olga Barben ont été prises par l’écrivain photographe Ralph Schafflützel. Rendez-vous sur www.photos-suisse.ch 

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