Nathalie Gineste est l’une de nos spécialistes en matière de Beaux-Arts. Titulaire d’un master en arts plastiques avec mention, son mémoire s’intitule Fragments : une fiction plastique pour redonner une mémoire familiale paysanne. Elle prépare actuellement un ouvrage sur les peintres méridionaux.
Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter le quatrième épisode de “J’ai envie de peindre de l’humain. Que diable!” Durant ce délicieux été, c’est donc la vie de Léon Laurent Galand que notre auteure inspirée vous croquera ici en quelque 4 épisodes et dont nous aurons la joie de vous présenter.
Quatrième épisode
Il faut bien l’admettre, le nu est entré dans l’ère du réalisme et du classicisme Si le nu est une forme d’art tentant de recréer une image du corps humain magnifié, idéalisé, les peintres et les sculpteurs se doivent d’essayer de respecter les exigences esthétiques et surtout morales de l’époque à laquelle ils appartiennent. D’une manière générale, le terme « nu » appartient depuis bien longtemps au vocabulaire des Beaux-Arts puisqu’on l’évoque depuis le XVIIe siècle. Nombre de peintres montpelliérains ou provençaux, dont Ludo Chauviac et Francis Eula se sont adonnés avec plaisir à ce mouvement où la représentation de corps nus est un des thèmes majeurs de l’art. Mais à nouveau, cédons la parole au peintre Galand.
Une vie de rencontres
Mon épouse reste effacée et modeste derrière toute cette frénésie autour de moi. Surtout depuis que je suis promu officier de l’Instruction publique. Pourtant! Vous savez? Elle est très douée. Mais la vie nous sépare. En secondes noces, j’épouse le 30 mars 1920 Juliette Louise Bordelet, à Paris (8ème).
La société Artistique de l’Hérault admet en 1922 les œuvres «portrait de M. G.» et «portrait de Mme G.». J’installe mon atelier au 26 rue Poncelet à Paris. Bref, une seconde vie commence.
En 1925, je rencontre le député Edouard Barthe et prend plaisir à peindre son portrait. Cette toile est rayonnante de soleil. Le personnage est situé dans un paysage du Midi avec le pic Saint Loup dans le lointain, entouré de vignes et de cyprès. Afin de donner plus de caractère au personnage, des vignerons sont représentés émergeant qu’à mi-corps de vignes laissant ainsi tout l’effet à M. Barthe.
En route vers le succès
Quelle gloire ! Le succès me poursuit. La Croix de la Légion d’Honneur m’est attribuée.
Le musée de Varsovie a acquis une de mes œuvres : «Portrait du Général Weggrand», vu au salon des Artistes français de 1926.
A Nevers, je présente un ensemble d’œuvres qui me valent un article signé d’Edouard Michel, paru dans l’Echo de la Nièvre. Cette même année, j’expose également à la Galerie Gabriel, située Grand’rue, un portrait du maître imprimeur montpelliérain E. Montane. Il parait que mes portraits sont très vivants. Mais, je ne m’arrête pas là et décide de représenter également certains coins de Paris, St Cloud, de Bretagne. Je m’affiche ensuite au Salon de l’Ecole Française en 1928 et également au Grand Palais avec mes œuvres : « le rêve » et « jeune femme couchée » qui représente un nu aux traits et aux lignes souples. Mon ami Ludo Chauviac fait aussi une toile d’une jeune femme couchée. C’est très à la mode apparemment. Nombre de mes contemporains s’y mettent. Chacun a sa version du nu. Depuis les Demoiselles d’Avignon de Pablo Picasso à Henri Matisse avec son nu bleu.
Le nu bleu de Henri Matisse que j’ai pu admirer à mes 80 ans, en 1952, chacun y va de son impression et de sa conception du nu artistique féminin. La mienne du nu artistique féminin est celle-ci.
Une passion intacte
Mais je peins aussi des fleurs, des marines, des ruelles de vieilles cités tortueuses de province ainsi que des portes des abbayes. Et, à nouveau, je remporte une médaille de plus: la médaille d’or du salon!
En juillet 1926, je décide de faire un séjour en Angleterre pour découvrir une autre luminosité dans les paysages. Mais mon amour pour le portrait me rattrape et j’exécute des portraits de quelques hautes personnalités du monde politique et des finances de Londres. Et quel bonheur de faire le portrait de la charmante fille de notre ambassadeur M. De FLeuriau.
En 1927, le député de l’Hérault, Edouard Barthe, fait l’acquisition de ma célèbre toile qui remporte le premier second Grand Prix de Rome en 1896. Elle va décorer les murs du musée municipal de Montblanc. Mais, les acquisitions officielles ne s’arrêtent pas là!
En 1937, le Conseil municipal de Paris dans sa délibération, fait part de son achat d’une peinture représentant une rue de Villeneuve les Avignon pour 1 000 francs.
Ma renommée allant de pair avec une certaine aisance financière, je déménage mon atelier au 33 rue Bayen dans le 17e. Je ne sais plus où donner de la tête. Du 4 octobre au 11 novembre 1947, le salon des Artistes Occitans accueille trois de mes œuvres : Endormie (n°310), Liseuse (n°311) et La source (n°312).
Ici s’arrête son monologue.
La fin de l’histoire
Léon Galand rejoint une autre dimension le 4 novembre 1960, à Clichy (Hauts-de-Seine) et nul ne saurait vous dire pourquoi il n’a pas fini ses vieux jours – il est mort à 88 ans – en Provence. Il y a eu beaucoup de ventes aux enchères d’œuvres de cette artiste notamment un paysage de Palavas les Flots et un autoportrait. Actuellement, on peut admirer une de ses œuvres «Vulcain enchaînant Prométhée» au Musée Fabre de Montpellier ainsi que «L’ovation» (inv. 23.2.t).
Fin