Low tech s’oppose à high tech qui désigne les technologies très sophistiquées, complexes et donc forcément coûteuses. Quant à la gageure, c’est quelque chose qui semble impossible, voire difficile à réaliser. En tout cas, quelque chose impliquant un défi à relever. Notre journaliste scientifique pense que, suivant le domaine, on devrait pourtant examiner si une technologie accessible à tous, simple, durable et durable ne vaudrait pas mieux que d’adopter toujours une haute technologie. Yves Rebaud nous livre ici quelques-unes de ses réflexions. La rédaction
Bon, j’aurai aussi pu intituler mon article « Les low-tech… une solution d’avenir ? ». Mais qu’entendons-nous au juste par low-tech ? Pour la plupart d’entre nous, nous désignons des produits que l’on associe à une technologie plus ou moins écologique, très fiable, pas très onéreuse, simple de construction ou du moins lorsqu’on n’a pas besoin d’y engager des matières rares. Autrement dit, il faut que l’acquisition de cette catégorie de produits soit accessible au plus grand nombre possible. En plus, pour les personnes qui, comme moi, ne sont guère ingénieuses, il faut que les produits dérivant de la basse technologie soient pratiques à utiliser et à entretenir.
Vélo-solex versus bicyclette électrique
Je sais, je vais faire rigoler nos lectrices et lecteurs en évoquant mon très ancien Vélo solex de ma période estudiantine d’il y a 40 ans maintenant.
Ça roulait et pour un étudiant, la sobriété était une valeur recherchée. Pas quand il y avait de la pluie, évidemment, car le moteur n’avait plus d’adhérence au pneu avant et ça patinait beaucoup trop. Du coup, il y avait une poignée pour relever le moteur et on pédalait que davantage pour arriver à destination. Ça ne coûtait pas une fortune et je suis presque absolument certain que les créateurs du vélo solex n’avaient pas à l’idée d’y installer l’obsolescence programmée ! Le prix de l’électricité était encore raisonnable à cette époque tandis qu’il ne l’est plus guère aujourd’hui. Mais est-ce une bonne idée que tout fonctionne désormais à pile électrique ?
Mon vélo solex était très sobre et comme ce n’était pas non plus une denrée rare on ne le volait pas comme on vole aujourd’hui les bicyclettes électriques qui, elles, valent des ronds !
Primitives les low-tech ?
Evidemment, on ne gagnera pas la guerre avec des montgolfières ! Mais comme je suis plutôt un optimiste pacifique, je ne rappellerai jamais assez qu’en 1999, Bertrand Picard a réussi, avec le pilote britannique Brian Jones, le premier tour du monde en ballon sans escale à bord du ballon Breitling Orbiter 3.
©Xenia Bogarova
Ils ont parcouru 45 755 km en 19 jours, 21 heures et 47 minutes. Regardez :
Il a fallu un courage incroyable à ces deux pilotes.
Ceux qui ramassent les feuilles mortes avec l’aide d’une souffleuse plutôt que d’utiliser des râteaux à feuilles ne manqueraient-ils pas un peu de courage ?
Et puis toute l’inventivité de notre ami Raphaël Colicci qui fait reverdir l’île de Maio, au Cap-Vert grâce à la mise en œuvre de moyens simples et peu coûteux ne mérite-t-elle pas encore et toujours d’être saluée et plébiscitée ? Relisez :
pour comprendre où je veux en venir.
Bien sûr, loin de moi de nier les bienfaits de la high- tech ! Vincent (mon dentiste) reste à la pointe de l’innovation je te prie ! Mais la clochette à la place d’une sonnerie électrique souvent défaillante ne serait-elle pas une chouette alternative ? L’usage du fouet en lieu et place d’un mixer électrique ne pourrait-il pas battre une crème aussi bien que son équivalent high-tech ?
L’émergence d’un véritable paradoxe
Mon petit doigt me dit que des fabricants de high- tech songent à développer de nouveaux produits low-tech à qui ils promettent un bel avenir. C’est en tout cas ce que m’a confié récemment un fabricant enthousiaste. Il constatait qu’en France, en Italie, en Allemagne, les salariés sont progressivement confrontés au retournement de l’économie – que d’aucuns appellent déjà un début de crise –. Son pari : faire beaucoup mieux avec beaucoup moins ! A cette recette prometteuse, il ajoute toutefois quelques autres ingrédients indispensables, à savoir la robustesse, l’accessibilité, la sobriété et une touche d’écologie, bonne pour notre environnement global. Les pays en voie de développement connaissent bien le low-tech que nous, – ici, en Europe –, appellerions de la débrouillardise. Eux, rêvent de passer au high-tech, alors que les nôtres qui ont plutôt négligé le low-tech songent à y revenir dare-dare.