Un nouvel horizon se dessine pour la santé oculaire, illuminant le chemin vers des bienfaits rapides et prometteurs pour les patients. Après son article « Les prodigieuses perspectives en ophtalmologie »
qui a captivé plusieurs dizaines de milliers de lecteurs, notre professeur au grand cœur nous a réservé la suite de ses réflexions. La rédaction
Je l’ai souvent affirmé et écrit à votre intention : l’ophtalmologie –, que je pratique depuis plus de 38 ans –, est un domaine en perpétuelle évolution. Les nouvelles technologies émergent constamment pour améliorer la santé oculaire. La recherche et le développement sont les moteurs de cette avancée. Les scientifiques et les chercheurs, animés par une quête incessante de progrès, travaillent sans relâche pour découvrir des méthodes innovantes de diagnostic et de traitement des pathologies oculaires. En tant que praticien passionné par ma spécialisation en ophtalmologie, j’ai eu le privilège de voir ces progrès transformer la vie de mes patients, en Suisse, en Afrique et en Inde. A l’instar d’un phare dans la nuit, ces avancées technologiques éclairent les possibilités de guérison et de confort, guidant les patients vers une vision plus claire. Aussi, chaque innovation est-elle une lueur d’espoir, dissipant les ombres des troubles visuels. Les progrès médicaux en ophtalmologie vont d’ailleurs bien au-delà des traitements traditionnels, ouvrant ainsi un vaste horizon de possibilités pour améliorer la qualité de vie de millions de personnes. Je ne le dirai jamais assez, « il est essentiel de poursuivre les investissements dans la recherche et l’innovation, afin de rendre ces avancées accessibles au plus grand nombre, et ainsi offrir un avenir plus prometteur à ceux qui souffrent de cécité ou plus généralement de troubles de la vue ».
Faut-il craindre l’intelligence artificielle ?
Avant de vous parler de tout ce que l’intelligence artificielle (IA)peut apporter à l’ophtalmologie, il n’est peut-être pas superflu de répondre à cette question, car elle est fort complexe et suscite légitimement des opinions variées. L’IA permet effectivement des diagnostics plus précis et des traitements personnalisés, améliorant ainsi les résultats pour les patients. Dans de très nombreux secteurs, l’IA optimise les processus, réduisant les coûts et augmentant la productivité. Elle ouvre la voie à de véritable nouvelles découvertes et technologies et transforme des pans entiers telles la médecine, la physique, la formation, la recherche scientifique, la sécurité et tant d’autres domaines. L’IA a le potentiel de transformer positivement notre société, à condition qu’elle soit développée de manière responsable. Certes, les risques liés à la sécurité des données, la confidentialité, et surtout les biais algorithmiques sont des préoccupations majeures. D’aucuns craignent aussi que l’IA remplace les interactions humaines. Or, il n’est pas question que l’IA réduise la compétence, l’empathie et la compréhension du médecin. Grâce à elle, le médecin aura à l’avenir plus de temps à accorder à son patient ce qui ne peut être que bénéfique. Aussi est-il est crucial de trouver un équilibre entre l’adoption de l’IA et la gestion de ses risques. La régulation et les normes éthiques jouent donc un rôle clé pour garantir que l’IA soit utilisée de manière responsable et fructueuse.
Je viens de le laisser entendre, l’intelligence artificielle apporte des avancées significatives en ophtalmologie parce qu’elle est actuellement la branche de la médecine qui l’utilise le plus. Nous autres médecins ophtalmologues percevons ces avancées dans notre domaine de prédilection de manière très positive. Après que les nouvelles technologies, telles que les lasers femtoseconde et les traitements anti-VEGF1, aient considérablement amélioré les résultats pour le bien de nos patients, nous apprécions la précision accrue et la réduction des risques associés à ces technologies. En tant que spécialiste reconnu du glaucome, je puis vous dire que l’IA permet d’identifier les premiers signes de glaucome avant même l’apparition des symptômes, ce qui offre aux patients l’opportunité d’un traitement précoce et d’une meilleure gestion de leur santé oculaire. L’IA permet aussi de détecter d’autres pathologies oculaires, telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)
et la rétinopathie diabétique bien avant que les symptômes ne deviennent visibles. Cela nous permet d’intervenir plus rapidement et efficacement et de réduire ainsi les risques de complications graves.
Pourquoi ?
Parce que, contrairement à nous autres spécialistes qui ne saurions traiter autant d’images, les algorithmes, eux, peuvent analyser d’immenses quantités d’images rétiniennes, l’IA nous offre un soutien inestimable. Cette synergie entre la technologie et notre propre compétence ouvre ainsi des perspectives d’avenir insoupçonnées pour la santé oculaire. Pour prendre une image, c’est comme si l’IA agissait en tant qu’un assistant précieux et nous permettait alors de nous concentrer sur les cas les plus complexes. Bien sûr, cette intelligence artificielle ne remplacera jamais notre expertise. En aucun cas, cette IA ne saurait un jour nous remplacer dans la pose d’un diagnostic. Le diagnostic final devra toujours être validé par un ophtalmologue chevronné, garantissant ainsi la sécurité des patients et la conformité aux réglementations médicales. En somme, l’IA enrichit et élargit notre champ d’action, optimisant ainsi nos performances cliniques.
Les progrès en intelligence artificielle offrent de nouvelles options de traitement pour des conditions auparavant difficiles à gérer. Nous autres médecins ophtalmologues voyons alors ces technologies comme des outils puissants pour personnaliser les soins et améliorer les résultats à long terme. Bien que les nouvelles technologies nécessitent une formation et une adaptation, nous sommes généralement enthousiastes à l’idée de nous familiariser avec ces outils innovants. Nous reconnaissons en effet l’importance de rester à jour avec les dernières avancées pour offrir les meilleurs soins possibles. Par ailleurs, nous constatons que l’intégration de ces technologies dans la pratique clinique transforment la manière dont nous diagnostiquons et traitons les maladies oculaires.
Quel est l’avenir de l’IA en ophtalmologie ?
L’ophtalmologie est un domaine médical dont la technologie évolue très rapidement. Les perspectives d’évolution de l’intelligence artificielle dans notre domaine sont dès lors considérables. À l’avenir, l’IA pourrait nous assister dans des interventions chirurgicales délicates. La startup Keranova de Saint-Etienne, France 2, a quant à elle mis au point FemtoMatrix, un bras robotique équipé de capteurs et piloté par l’IA. Dans le cadre de l’opération de la cataracte, le bras robotique se fixe par ventouse sur le globe oculaire du patient et se charge de la photo émulsification. Le système est piloté par une IA qui optimise les paramètres de l’intervention en temps réel, réduisant ainsi les risques et améliorant les résultats chirurgicaux. Nous pourrons alors prendre la suite. L’appareil peut aussi être utilisé pour la chirurgie correctrice de la myopie ou de l’astigmatisme. FemtoMatrix a obtenu sa certification CE, en 2024.
L’examen de réfraction binoculaire est l’un des plus courants. ll consiste à mesurer l’erreur de réfraction de l’œil et sa capacité à focaliser la lumière sur la rétine. Avec le renfort de l’IA, nous pourrons gagner un temps précieux, déléguer cet examen et même le réaliser à distance. La technologie proposée par Visionix, Eye Refract, permet, par exemple, de déterminer la correction optique la plus confortable par mesure automatique.
Cher lecteur, voyez les horizons éblouissants que nous ouvre l’intelligence artificielle. Bien que notre expérience soit vaste, nous, les vétérans qui n’avons pas grandi avec un smartphone ou une tablette en main, encourageons nos jeunes collègues ophtalmologistes de découvrir mieux encore que nous ces avancées technologiques. En effet, grâce à ces innovations, nous pourrons toujours mieux traiter et comprendre les maladies oculaires, offrant ainsi une vision plus claire et plus saine à tous.
