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L’anorexie mentale : sortir du labyrinthe sans y laisser son âme… 

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L’anorexie est une véritable prison pour les personnes qui en sont atteintes. Un univers carcéral dont il est d’autant plus difficile de s’évader que ses barreaux ont été édifiés dans leur tête. Cette maladie déconcerte par ailleurs bien des soignants dans la mesure où elle échappe à l’essence-même du soin. Qu’attend généralement un patient qui consulte pour guérir d’une maladie ? Un médicament, un remède ? Nous avons demandé la réponse à notre spécialiste Ariane Vlérick, bioingénieur et docteur en sciences de la vie. Elle nous en livre ici le premier volet de son brillant article.

La rédaction
 

La personne qui souffre d’anorexie souhaite rarement consulter et, lorsqu’elle en fait la démarche, de son plein gré ou par la force, elle se trouve démunie face à la véritable solution : « Mange ! ». Accepter d’avaler et de digérer des aliments n’est pas toujours si simple.  
Mais comment ce trouble obsessionnel peut-il un jour disparaître ? 
Je vous livre ici une expérience parmi d’autres – la mienne – et je serais heureuse de récolter d’autres témoignages de cheminements à l’issue positive. 

L’anorexie mentale  

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Lorsque j’étais jeune adolescente, l’anorexie n’avait pas la « popularité » d’aujourd’hui. La danse classique était ma grande passion. Je réussissais brillamment mes études. Pour mon entourage, j’étais une petite fille sage et sans embrouilles

Au sortir de l’enfance, par je ne sais quel mystérieux processus, mon esprit se mit à évoluer plus vite que mon corps. Rupture. Diagnostic du corps médical : « anorexie mentale ». Cette étiquette me poursuivit de nombreuses années et me laissera des traces indélébiles jusqu’à mon dernier souffle. Si l’on sort des affres de la maladie, on n’oublie pas pour autant. La preuve, je suis en train de rédiger cet article une bonne trentaine d’années plus tard !

Je ne prétends pas fournir une approche complète de la problématique… Juste quelques pistes de réflexion, en toute modestie. J’utilise le genre féminin compte tenu de l’écrasante majorité de femmes atteintes de cette maladie. Dans un prochain article, j’évoquerai un autre trouble de l’image de soi et du comportement alimentaire bien davantage présent chez les hommes, en particulier chez les sportifs en quête d’un idéal esthétique athlétique. 

Peut-on définir un « profil-type » d’anorexique  ? 

Toutes les patientes anorexiques que j’ai connues présentent un tempérament passionnel qui se trouve bafoué. Qu’il existe une fragilité génétique, une propension biologique à ce type de trouble, je n’en doute pas. Mais je pense que c’est avant tout l’environnement qui peut engendrer un profond malaise, source à partir de laquelle la pathologie se développe en un fleuve de souffrances muettes. Le « narcissisme défaillant » est pour moi le résultat d’un milieu social et culturel dans lequel on dévalorise le modèle de ce que nous sommes et, plus précisément, de ce que nous sommes appelées à devenir, biologiquement et psychiquement : des femmes !

Une forme de masochisme se développe : le besoin de trouver méticuleusement des preuves à nos insuffisances, de chercher à tout prix à entendre ce qui fait mal. Ce comportement s’exprime d’une part par un attachement excessif, exclusif, passionnel à celui/celle qui nous discrédite, d’autre part par un rejet de celui/celle qui nous admire, sans juste milieu ni esprit critique. 

Face à ce mode de fonctionnement, il est bien évident que s’entourer de personnes qui s’abstiennent de toute marque de reconnaissance, d’encouragement, de félicitation, mène invariablement et insidieusement au sentiment poignant de ne jamais en faire assez, d’attendre un avis positif qui ne viendra jamais.

Atteindre la perfection semble être la seule issue. Une quête perdue d’avance mais à laquelle se livrent de nombreuses personnes atteintes d’anorexie : briller aux yeux de personnes dévalorisantes dont elles deviennent complètement dépendantes. 

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Mettre sa propre vie au service de l’autre génère inévitablement un profond déséquilibre, une perte de repères et de confiance en soi. On peut comparer cet état à celui de la passion amoureuse inassouvie qui, se refusant à toute aventure, vit par là-même le plus tragique des destins.  

Comment rétablir ou même créer la confiance en soi et briser les chaînes de la passion malsaine ?   

Un premier pas, qui devint le mien au fil du temps, pourrait être de parvenir à concrétiser un projet qui, selon notre vision d’incapable, nous semble impossible.

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L’aide, la participation, les encouragements d’autrui sont certainement infiniment précieux. Mais attention : pas de n’importe quelle manière. Un soutien dans le cadre d’une relation conflictuelle et pathologique peut provoquer l’effet opposé à celui escompté. 

La suite c’est ici :

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