Le comte de Grandvaux étant à l’étranger, c’est notre éditeur qui nous emmène cette fois dans un voyage musical. Explorez avec lui le fabuleux univers sonore que propose le violoncelle. Cet instrument exceptionnel se joue dans d’innombrables genres musicaux différents et pas seulement dans la musique dite classique. On le retrouve aussi dans le rock, le jazz, la musique du monde et bien évidemment aussi dans la musique folklorique. Peut-être y apprendrez quelque chose que vous ne saviez pas, à moins d’être un ou une spécialiste en musicologie. Remarquez que notre éditeur n’en est pas non plus un. Mais grâce à son ineffable curiosité, il a su, dans ses innombrables recherches vous trouver de petites pépites musicales. La rédaction
Permettez-moi de rebondir sur l’introduction de notre rédaction. C’est vrai, pour moi, une saine curiosité – car il en est aussi de malsaines – est effectivement une belle qualité. Et dans le voyage musical que je vous propose aujourd’hui, il en va de la qualité du son. Le violoncelle est un instrument de musique à quatre cordes frottées. Il fait partie de la même famille que le violon. Mais il se distingue surtout avec la particularité d’émettre des sons beaucoup plus graves que ceux du violon. C’est un instrument qui a une tessiture très large, allant du grave à l’aigu, et qui peut produire des sons doux et mélancoliques, ou puissants et dramatiques. Le violoncelle est souvent utilisé dans les orchestres symphoniques, mais il peut également être joué en solo ou en musique de chambre.
Techniquement, les spécialistes parlent d’un instrument avec la plus large tessiture. Ce qui signifie qu’il donne un grand spectre de fréquences.
Pourquoi le violoncelle émet-il des sons de plus basses fréquences ?
Parce que ses 4 cordes sont plus longues et plus épaisses que celles du violon, de l’alto ou du violoncelle piccolo. Les cordes plus longues vibrent à une fréquence plus basse, produisant ainsi des sons plus graves.
Comment un violoncelle crée-t-il un son ?
Eh bien, le son est produit par les vibrations de la corde et ces sons résonnent à l’intérieur du violoncelle. Chaque corde a des fréquences différentes en raison de l’épaisseur/longueur d’onde de la corde. Plus la longueur d’onde de la corde est épaisse, plus la fréquence du violoncelle est basse. De plus, les violoncelles ont des harmoniques1 sur chacune des quatre cordes. Chacun à une fréquence différente et lorsque vous jouez l’harmonique, il produit un son clair et fort.
Un peu de rêve
Le compte de Grandvaux vous aurait sans doute trouvé d’autres pépites musicales. Il vous aurait raconté des anecdotes de Pablo Casals, Thomas Demenga, Jacqueline du Pré, Maurice Gendron, François Guye, Steven Isserlis, Mischa Maisky, André Navarra, Gregor Piatigorsky, Christian Poltéra, Mstislav Rostropovitch, Paul Tortelier, Raphael Wallfisch, Alisa Weilerstein, Yo-Yo Ma.
Moi, je me contenterai de vous parler de deux violoncellistes, l’un dont les mélomanes francophones connaissent et admirent comme moi, le talent. Il s’agit de Gautier Capuçon.
Le voici il y a quelques années.
Regardez et laissez-vous emporter
Lorsque l’on sait que les vers d’Après le rêve commencent par :
Dans un sommeil que charmait ton image
Je rêvais le bonheur, ardent mirage
Tes yeux étaient plus doux, ta voix pure et sonore
Tu rayonnais comme un ciel éclairé par l’aurore […],
je ne suis toutefois pas certain si Gabriel Fauré aurait apprécié l’imagination du producteur de Gautier Capuçon. Moi, j’ai aimé ! J’adore les grands voyages et les rêves d’enfants (interprété par sa fille Fée, née en 2009) qui se réalisent comme l’exprime la femme pilote interprétée par Margot Lourdet.
Regardez aussi sa sagesse et sa bienveillance dans l’émission télévisée Prodiges
https://www.france.tv/france-2/prodiges/saison-10/5551128-emission-du-jeudi-28-decembre-2023.html 2
Depuis dès le début de cette émission qui vient de célébrer son dixième anniversaire, Gautier Capuçon participe à un jury d’exception aux côtés de Julie Fuchs, soprano et Marie-Claude Petragalla, chorégraphe et ancienne danseuse étoile.
Une autre étoile montante
S’il est vrai que le son du violoncelle se situe, je crois, à mi-chemin entre le violon et la contrebasse, il possède un son totalement à part. Et il semble aussi qu’il ne laisse personne insensible. J’aimerais maintenant vous parler aussi d’une grande violoncelliste finlandaise Liina Leijala. C’est grâce à mon ami Boris Perrenoud3, chef d’orchestre, enseignant comme elle à la Musikakademie de Vienne, en Autriche, que j’ai appris à connaître ses talents. Liina avait huit ans quand elle a commencé à jouer du violoncelle. D’ailleurs, me dit-elle, elle avait déjà joué du violon avec sa sœur jumelle, mais cet instrument de musique n’a jamais vraiment attiré son attention. Son père, mathématicien et ma mère psychologue jouent respectivement du piano et de la guitare pour leur pur plaisir. Liina est actuellement la directrice artistique et exécutive du Centre Barenboim-Said pour la musique4
Liina me confie qu’Antonín Dvorak est sans doute le représentant de l’époque romantique qui se rapproche le plus de sa façon de comprendre la musique. D’ailleurs, elle estime que la musique classique sublimée a un impact profond sur les aptitudes intellectuelles et cognitives des êtres humains, puisque la sensibilité à la musique est assurément inscrite dans l’ADN humain. Pensant à Oxo, mon chien, et à mes chats, je lui demande si elle estime que les animaux réagissent aux mélodies et au rythme. Elle en est absolument convaincue. Et avoir des connaissances musicales, me dit-elle, affine définitivement notre capacité de jouer de la musique. Lorsqu’elle travaille une nouvelle pièce de musique, elle s’informe sur le contexte historique et théorique de la pièce. Je lui demande si tout s’explique en musique lorsqu’on a comprise. Elle réfléchit un instant et me souffle en souriant : « En musique, tout ne s’explique pas. Pourquoi n’accepterions pas la magie de l’inexplicable ? Ne conviendrait-il pas non plus de rechercher le juste équilibre entre le concret et l’abstrait. Lorsque ces deux éléments sont en équilibre, cela peut conduire à des résultats innovants et intéressants.
Voyez, par exemple une version d’une œuvre musicale qui a été arrangée ou réarrangée pour être jouée sur un instrument différent de celui pour lequel elle a été écrite à l’origine. Le concerto pour violon opus 64 en mi mineur de Mendelssohn interprété à la flûte par Jasmine Choi est tout à fait remarquable. Les transcriptions sont souvent utilisées pour permettre à des musiciens de jouer des œuvres qu’ils ne pourraient pas jouer autrement, ou pour explorer de nouvelles sonorités et de nouveaux styles. Dans tous les cas, les transcriptions sont une façon intéressante de découvrir de nouvelles facettes de la musique. Ou pour reprendre la nouvelle idée de Gautier Capuçon sur d’Après le rêve de Gabriel Fauré qu’il interprète magistralement mais que les images donnent une version totalement différente qu’elle n’était prévue à l’origine ». Sa réponse témoigne d’un esprit vif et perspicace, tellement subtil et raffiné que je comprends pourquoi, elle est aussi une grande interprète et une enseignante passionnante, motivante et innovante et que je voulais vous la présenter dans ce bref voyage musical.
Regardez :
https://viennainternational.box.com/s/hfpbh2gb3fzbjcjf9yyk7ajut2jk0l46