Dans la filière cuir, l’Europe pèse pour 35 % des exportations mondiales. C’est beaucoup. 12 % viennent de l’Italie et 4 % proviennent de France. Quant à l’industrie du cuir, l’Inde représente plus de 13 % de la production mondiale. Bovins, buffles chèvres et moutons sont les matières premières essentielles pour cette filière. Les produits de maroquinerie, chaussures et vêtements représentent un pourcentage important des exportations de nombreux pays, dont ceux du Maghreb. Une nouvelle invention constituant une alternative au cuir vient d’être primée au Prix de l’Inventeur Européen 2021 pour les PME. Une nouvelle fibre issue de déchets d’ananas le détrônera-t-elle un jour? Le cuir a certes encore de beaux jours devant lui. Et qu’en est-il du remplacement du coton? De nouvelles inventions tracent d’ores et déjà une voie originale.
La fibre d’ananas est promise à un avenir exceptionnel!
Jupes, vestes, chaussures, sacs à mains, etc. nécessitent des ressources naturelles abyssales: élevage et abattage de bétail. Puis tannage avec l’indispensable recours aux produits chimiques qui, nous le savons bien, présentent un risque de pollution non négligeable. Si vous avez été dans les pays du Maghreb ou aux Philippines, vous aurez vu combien le tannage en plein air est un procédé extrêmement polluant. N’allez toutefois pas croire que la fabrication d’alternatives synthétiques au cuir ne le soit pas non plus. Elles aussi peuvent également produire des nuisances à notre environnement et à notre santé.
Carmen Hijosa (voir photo), une entrepreneuse espagnole, le sait pertinemment. Après des années de recherche, elle a mis au point un matériau représentant une réelle alternative au cuir. Grâce à des enzymes, les fibres provenant de déchets agricoles sont transformées sans l’apport de produits chimiques. L’impact environnemental est moins important que celui du cuir d’animaux.
En présentant son film La révolution silencieuse http://decouverte-mag.com/la-revolution-silencieuse-vf-projection-debat/ , Meryl Moser pensait que l’audace et le courage sont probablement les moteurs les plus importants pour notre avenir innovant. Pourquoi ne pas présenter à nouveau des solutions possibles, se questionnait-elle. Elle ne croyait pas si bien dire. 825 tonnes de feuilles d’ananas ont été récupérées en 2020. Or, une tonne de fibres fournit 1’200 mètres linéaires de Piñatex, cette nouvelle fibre composée de feuilles d’ananas.
Regardez:
Et l’alternative au coton?
Le coton est une fibre naturelle. D’accord, mais la quantité d’eau nécessaire à sa production est un grave problème dans les régions de culture de plus en plus frappées par la sécheresse. Or, l’Inde est l’un des plus grands producteurs et exportateurs de coton au monde. Dans cet immense pays, plus de 100 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Seulement voilà, l’Inde est également le premier producteur mondial de bananes, tout comme il l’est pour le cuir. Le tronc du bananier doit être éliminé après chaque récolte. Or, pour l’Inde, cette opération indispensable coûte très cher. La Haute École des Sciences Appliquées de Lucerne a donc eu l’idée de faire des expériences avec des fibres provenant des troncs de bananiers, des fibres d’ortie, de bois ou de lin. Bientôt, elle sera peut-être à même d’offrir une vraie alternative. Et de nouveaux textiles plus écologiques.
Disons pour terminer que l’équipe de recherche Fabric Ideas du MIT (Massaschussetts Institute of Technology) planche sur des textiles du futurs.
Pour en savoir plus : https://news.mit.edu/2020/smart-fabrics-future-0508