L’hypnose est un sujet si complexe que notre magazine lui consacre un véritable dossier. Vous trouverez ci-dessous son premier volet. Pour bien comprendre ce qu’est l’hypnose, il convient de bien comprendre les quelques notions suivantes. La rédaction
Avant de parler des innombrables facettes de l’hypnose et de l’autohypnose, il est nécessaire d’aborder préalablement les fonctions cérébrales. Le cerveau est en effet un organe biologique des plus surprenants. Voyez plutôt: Il pèse à peine 1kg et demi. Ses matières grasses et protéines sont essentiellement enfermées dans une coquille plus ou moins osseuse. Pourquoi le cerveau est-il à l’origine de nos idées? Comment arrivons-nous à raisonner? A avoir des sentiments, des sensations, des rêves, une vie mentale? Vaste est le domaine que nous allons aborder pour comprendre les rudiments de l’hypnose. Le mystère de la conscience, de la non-conscience et de l’hypnose serait-il sur le point d’être percé?
Un développement fulgurant
Depuis une vingtaine d’années, les neurosciences connaissent en effet un développement fabuleux. La neuro-imaginerie, la mesure de l’activité cérébrale, réalisée en particulier grâce à l’IRM (voir encadré de couleur à la fin de l’article) permet d’investiguer de manière toujours plus précise. Le cerveau humain nous livre progressivement ses secrets. Comment expliquer que nous ayons d’innombrables expériences conscientes. Et, au fond, qu’est-ce que la conscience?
La carte du cerveau
L’enveloppe externe du cerveau (appelée cortex) se subdivise en zone spécialisée: frontale, pariétale, temporale, occipitale. Chacune de ces zones remplit des missions spécifiques. Elles traitent des informations de manière totalement automatique. Les sensations tactiles, par exemple, relève du cortex pariétal. Celle de la formulation du langage se situe dans le cortex frontal.
Ainsi, votre cerveau traite un stimulus visuel de façon automatique par le cortex visuel primaire au niveau occipital (voir image ci-dessus). A ce moment-là, vous n’êtes pas conscient(e) de l’image (cela peut-être n’importe quel chien ou chat, par exemple). Ce ne sera que lorsque votre cerveau aura partagé cette information de manière globale et ce par le cortex frontal et pariétal environ 300 millisecondes après le stimulus que vous en prendrez conscience.
Pourquoi parler de conscience lorsqu’on veut évoquer l’hypnose? Parce que l’hypnose nous déconnecte du monde réel et nous emmène dans les profondeurs de notre inconscient.
En 1918, le célèbre psychiatre zurichois Carl Gustav Jung a écrit un article intitulé De l’inconscient, où il explique que nous sommes tous situés entre deux mondes, celui de la perception extérieure et celui de la perception intérieure inconsciente. La lecture de l’ouvrage de Jung est des plus enrichissantes. La poire de Jung (voir ci-après) a fait le tour du monde. Il avait créé ce schéma pour différencier le conscient de l’inconscient.
La conscience
La science de la conscience a besoin de théories. On peut en distinguer quatre principales1.
- La théorie de l’espace de travail global. Ici, la conscience serait issue d’un processus rassemblant des informations traitées par des réseaux neuronaux spécialisés.
- On ne prendrait conscience d’un stimulus que par l’existence d’un circuit d’ordre supérieur qui pointe vers celui-ci.
- Un système conscient est un système qui génère une information riche et intégrée
- Les interactions récurrentes entre les neurones d’un circuit qui traite un stimulus suffiraient à faire émerger la conscience.
D’autres penseurs et chercheurs estiment que nous n’en savons pas encore assez sur la conscience et qu’il y aurait dès lors trois possibilités à envisager.
- La conscience étant d’une certaine manière liée à la biochimie organique. Dès lors, il ne sera peut-être jamais possible de créer une conscience dans des systèmes non organiques.
- La conscience n’étant pas liée à la biochimie organique, elle est cependant liée à l’intelligence de sorte que les ordinateurs, eux, pourraient acquérir une conscience et qu’ils devront absolument l’acquérir pour franchir un seuil minimum d’intelligence.
- Aucun lien essentiel ne relierait la conscience à la biochimie organique ou à la grande intelligence. Les ordinateurs pourraient dès lors acquérir une conscience, mais pas nécessairement. Les ordinateurs pourraient devenir super intelligents, tout en ayant un niveau zéro de conscience.
Rassurez-vous. Même si nous ne saurions exclure aucune de ces option, comme nous en savons encore si peu sur la conscience, il est peu probable que nous puissions sous peu concevoir des ordinateurs dotés de conscience.
Cela, très brièvement expliqué, nous en arrivons maintenant enfin à l’hypnose.
Dans le volet suivant, nous aborderons l’hypnose pouvant aider en cas
- d’angoisses et peurs avant un examen
- de peur de prendre l’avion
- de troubles du sommeil
- de dermatite atopique
- de surcharge pondérale
- de tabagisme
- de migraine.
Nous vous parlerons aussi, évidemment, de l’hypnose utilisée en médecine, en bloc opératoire (chirurgie) ou en psychothérapie. Et cela en Suisse, en France et en Belgique.
A suivre
L’IRM est l’acronyme de l’image par résonance magnétique. L’IRM cérébrale détecte les anomalies cérébrale et en détermine les causes (dégénérative, infectieuse, inflammatoire, tumorale, vasculaire). D’une manière générale, l’IRM permet de fournir des informations ne pouvant pas être visionnées par d’autres technologies, par exemple, rayons X, échographie, scanographie (TDM).
1D’après La Recherche – le magazine de références scientifique : avril-juin 2021 pp.24-29