Leslie Laagel est canadienne anglophone. Elle réside en France depuis de nombreuses années. Possédant plusieurs chevaux, elle se consacre avec succès à l’équi-coaching. Recevant notre journaliste Josiane Meyer dans sa maison, en présence de ses 7 chats splendides, elle lui a fait des confidences sur le cheval, ce noble animal. Sur le terrain, au Ranch du Schloss à Biltzheim, notre journaliste a l’occasion de côtoyer Léo, le cheval à la robe brune et Toto, le poney à robe blanche. Notre journaliste nous apprend aussi que les chevaux ont de l’humour.
Leslie, parle-nous d’abord de toi et de ton parcours
Je suis née à Québec et j’ai grandi à Montréal où j’ai vécu une belle enfance, entourée de ma mère, de mon frère et de ma sœur. J’étais très indépendante et curieuse de la vie. On aurait dit un garçon manqué, car j’aimais jouer dans la boue, être dans la nature. Je ne jouais pas à la poupée et ne mettais pas de robe. Avec ma mère, j’ai appris à travailler en office, le travail de bureau, la comptabilité et le secrétariat. Je souhaitais ardemment écrire, mais ma famille disait de mettre l’écriture de côté. Puis je suis partie de Montréal à 18 ans pour vivre avec mon père aux États-Unis. J’étais dans une université privée, une école libérale où je prenais des cours de dramaturgie, d’écriture, de programmation d’ordinateur. Avec mes très bonnes notes dans cette école prestigieuse, je faisais la fierté de mon père, un marin qui m’a formée à être navigatrice de voilier. Et j’ai adopté ma devise : La vie est une aventure.
Après tes études, tu es venue en France?
Tout d’abord, à force que les gens m’éloignent de mes hobbies, j’ai opté pour l’indépendance, afin de vivre ma vie selon mes envies. Puis, oui, je suis venue en France pour m’installer avec mon mari François, un français rencontré aux États-Unis.
C’est cette force qui t’a amenée à être celle que tu es aujourd’hui. Alors comment en es-tu venue à l’équi-coaching?
C’est après un burn-out à l’aube de mes 55 ans que j’ai su que mon job allait être délocalisé, j’allais être licenciée. Alors je me suis dit « OK, à présent il est temps que je me dise OUI à moi-même et faire ce qui me plaît ». J’ai créé Infinity Coaching et me suis mise à mon compte.
Un amour inconditionnel pour les chevaux
Étais-tu déjà en accord avec les chevaux?
J’ai toujours adoré les chevaux, mais nous n’avions pas beaucoup de moyens. Alors, lorsque je pouvais aller au Poney-club, c’était comme un cadeau. Puis j’ai monté à cheval quelquefois durant ma jeunesse, à l’université. A Montréal, j’aimais voir les chevaux dans les champs. J’ai toujours eu cet amour pour cet animal.
Une anecdote?
J’ai commencé à lire des livres sur les poneys, et j’ai pratiqué sur un banc derrière la maison pour apprendre le trot élevé avant ma première leçon. Lors de cette première montée à cheval, la monitrice m’a félicité et cela m’a encouragé à poursuivre dans cette voie. Adolescente, le week-end, je nettoyais les box, brossais les chevaux, préparais les poneys pour le club. Le soir, nous dormions dans la sellerie et en récompense, le dimanche, nous pouvions monter sur les poneys et nous amuser à Québec.
Pourquoi avoir choisi cet animal précisément et opté pour le coaching d’équitation?
Le cheval est un animal qui ne ment pas. C’est un animal de poids. Il entretient des rapports sociaux et compte sur sa vitesse pour échapper aux prédateurs. Doté d’un bon sens de l’équilibre, il possède une grande aptitude de visualisation spatiale. Il correspond avec la communication non-verbale, et utilise tous ses sens. Il vit par instinct et dans l’instant. Nous les humains, avons perdu la reconnaissance de nos sens.
Comment mets-tu les chevaux en contact avec les enfants, les adultes? Est-ce que ton approche est la même?
Je m’adapte à chaque personne. Il est vrai que je ne vais pas prendre des tout petits. Toutefois, même si les chevaux sont grands et majestueux, ils sont conscients de la présence d’humains qui les entourent. Moi, je vais choisir et adapter le cheval avec chaque enfant ou adulte, afin de créer une connexion énergétique entre eux. On travaille en trinôme. Dans l’ensemble, le cheval écoute mes conseils, mais parfois il me fait prendre conscience que je ne suis pas présente ou distraite. Alors, il va me tourner le dos ou faire quelques bêtises jusqu’à ce que je prenne conscience d’être présente, bel et bien à ses côtés. J’ai eu la chance de développer la capacité d’observer la situation entre la personne et le cheval.
C’est-à dire?
C’est mon rôle d’accompagnatrice de faire comprendre aux gens ce qui s’est passé et leur expliquer la réaction du cheval lors les différents exercices. Le cheval peut nous aider à retrouver force et confiance.
Les personnes handicapées ont-elles accès à l’équi-coaching?
Je ne suis pas formée dans l’équitation thérapeutique pour les personnes handicapées. Au ranch, nous avons très peu d’aménagement et d’accès pour elles. Certaines peuvent tout de même être en chaise roulante dans le manège. Mais les occasions sont rares. Il faut tout de même une certaine mobilité.
Les ateliers de travail
Comment les proposes-tu?
Je propose un premier contact, une séance découverte. Je prends les renseignements sur la personne et son rapport au cheval. Suite à cela, je vais adapter un programme, quelques exercices d’approche ou des balades en forêt, dans la nature…
Tu proposes essentiellement des cas pratiques, mais proposes-tu également des cours théoriques?
Oui, nous avons un espace clos où l’on peut échanger ou aborder un sujet en profondeur. Je reste toujours à l’écoute avec bienveillance pour aviser les personnes. L’équi-coaching me permet de mieux cibler et accompagner chaque individu.
As-tu des outils pour reconstruire une relation avec le cheval? Notamment, chez une personne apeurée ou ayant subi un traumatisme avec les chevaux?
Oui, c’est pour cela que je prends le temps de parler et d’écouter chaque personne. Récemment, j’ai proposé une séance avec mon cheval Léo. Avec sa sensibilité, il s’est approché d’une dame apeurée. Doucement, je les ai mis en contact avec la longe jusqu’à ce que la confiance s’installe entre les deux êtres. Je reste à côté et veille à la sécurité du périmètre entre le cheval et la personne.
Choisis-tu une race particulière ou est-ce le feeling?
Le pur-sang arabe ou le pur-sang anglais ont en général un caractère docile. Mes chevaux sont un selle français mixte et une fjord arabe mixte croisée. Je pense que toutes les races sont adaptées à l’humain. De mon côté, j’analyse le caractère de chaque équidé et constate quelles sont ses capacités d’adaptation.
Le poney et le cheval ont-ils un caractère similaire?
Les poneys sont moins grands, mais ils peuvent être têtus. Ils sont vifs et joueurs. Toto, mon poney teste les cavaliers, mais Léo mon cheval est plus docile. Au final, ils n’ont pas de grande différence de caractère.
Côté logistique, quel est le bon planning pour toi?
En tant qu’accompagnatrice, pas plus de 5 personnes pour un groupe. Les ateliers se déploient sur 2h, deux à trois par jour. Cela laisse un temps de repos aux chevaux entre chaque séance. Je reste souple avec le planning. Après le travail, pendant les vacances scolaires, le week-end, en journée, ½ journée…
As-tu des préférences pour les saisons?
Toutes les saisons me conviennent, à condition d’être bien couvert selon la météo. En été, au Ranch du Schloss, il y a peu d’insectes et de mouches. C’est agréable pour les chevaux. L’hiver, les sols humides et glissants ne sont pas faits pour les sabots. En revanche, une neige fraîche sera parfaitement adaptée pour une balade équestre hivernale. Après, nous pouvons nous réchauffer et boire une boisson chaude dans notre saloon. Un moment aussi convivial qu’agréable!
T’occupes-tu du soin des chevaux ?
Comme ils sont en box de location, c’est le personnel du Ranch qui s’en occupe.
Exercice à l’aveugle
Toutefois, pour lâcher les peurs et le mental, je vais permettre aux gens de faire une connexion de cœur en leur bandant les yeux. Doucement, ils vont caresser et brosser les chevaux, puis vont exprimer leurs ressentis. C’est toujours une belle expérience.
Leslie, est-ce que les chevaux ont de l’humour?
Oh oui, il arrive parfois qu’une jument prenne la chambrière (un long fouet de manège) dans sa bouche pour montrer l’exercice à son interlocuteur. Ou un cheval peut jeter plusieurs fois la longe à terre juste pour le plaisir qu’on lui ramasse à chaque fois.
Ce que le troupeau évoque…
Mais dans un troupeau de chevaux, on ressent la synergie qui les lie. Chacun respecte la hiérarchie et la place de l’autre. Certains ont des affinités entre eux. Ils jouent, se taquinent, font la course lorsqu’un galop se présente à eux. Le cheval reste dans son ensemble un animal noble.
Quel est ton souhait professionnel en lien avec l’équi-coaching?
Je veux aider les gens avec le cheval. Je sais que je peux révéler en eux leur potentiel illimité. On a oublié la clé de l’essentiel. Mais moi j’ai envie de représenter cette clé avec le cheval.
Si tu avais une baguette magique, comment verrais-tu le monde?
Heureux et aligné avec chaque être vivant, avec la nature et les animaux. Si je possèdais une baguette magique, mon vœu serait d’exaucer la paix sur la terre.
Pour terminer cette interview, Leslie, quelle phrase ou citation aimerais-tu transmettre?
« Laisse ton cœur avoir le dernier mot.
Souris à la vie pour que la vie te sourit. »
Bénéfices de l’équi-coaching
Aller en forêt et, parfois, en une seule séance, le cheval peut libérer un blocage.
Le coach ne va pas donner les réponses à la personne coachée, c’est elle trouvera ses réponses. Le cheval lui montrera par effet miroir, ce que la personne ne veut pas voir. Et immédiatement, il y aura une prise de conscience de la part de l’humain. Leslie Laagel prodiguera juste des conseils, notamment comment travailler ça en profondeur et lui suggérer de revenir 1 à 2 fois encore pour consolider l’effet thérapeutique.
Ecoutez aussi l’émission qui lui a été consacrée sur Radiotonic à Genève.