Un rendez-vous culturel exceptionnel

Sculpture à Bruxelles

Par Roger Juillerat

L’Atomium, le monument emblématique de la capitale belge, construit pour l’Exposition universelle de 1958 représente un atome de fer agrandi 165 milliards de fois et mesure 102 mètres de haut. Le Manneken-Pis, la petite statue en bronze, haute de 55,5 cm, représentant un petit garçon en train d’uriner est un autre des symboles de Bruxelles.  N’y
aurait-il pas un troisième symbole de Bruxelles, même si chaque année, il n’est que temporaire ? « Si ! », nous dit notre reporter et photographe Roger Juillerat, « il y a la BRAFA, mais pas seulement ! ». Accompagnons-le dans cet exceptionnel voyage culturel.
La rédaction

La BRAFA (Brussels Art Fair) est l’une des foires d’art les plus prestigieuses et les plus anciennes d’Europe. Elle se déroule à Bruxelles. Sa 70ème édition aura lieu du 26 janvier au 2 février 2025. Fondée en 1956, elle présente une large gamme d’œuvres, de l’art ancien à l’art contemporain, en passant par des objets d’antiquité, des sculptures des travaux de design et des pièces uniques.

Elle attire ainsi des collectionneurs, des galeries et des amateurs d’art du monde entier. Son 70e anniversaire s’annonce être un événement incontournable. Des conférences sont aussi au programme, favorisant les échanges et les discussions autour des tendances actuelles et des développements dans le monde de l’art.

Le Brafa à Bruxelles
La BRAFA en 2024 avec ses diverses galeries. ©Fabrice Debaty

La BRAFA se distingue par sa capacité à réunir différentes périodes, styles et disciplines artistiques dans un cadre harmonieux. Cette édition 2025 ne fera pas exception car elle accueillera quelque 130 galeries internationales venues de 14 pays ! Parmi les nouvelles galeries attendues cette année, certaines des plus prestigieuses du marché de l’art : Colnaghi, spécialiste des maîtres anciens et des chefs-d’œuvre européens, ainsi que Stoppenbach & Delestre, réputée pour son expertise en impressionnisme et art moderne.

Une invitée mondialement connue

Pour marquer cet anniversaire exceptionnel, la BRAFA a invité Joana Vasconcelos (notre photo Natasa Nicodijevic Savin),

Joana Vasconcelos

une artiste plasticienne franco-portugaise, puisqu’elle est née à Paris en 1971. Elle est connue pour ses sculptures monumentales et ses installations immersives qui réinterprètent des objets du quotidien. Son travail se distingue par l’utilisation de matériaux inattendus, comme des tampons hygiéniques (!), des fourchettes en plastique et des casseroles. Elle a acquis une renommée internationale en 2005 avec son œuvre “La Fiancée” , présentée à la Biennale de Venise. En 2012, elle est même devenue la toute première femme et la plus jeune artiste à exposer au Château de Versailles. Ses œuvres ont également été exposées dans des institutions prestigieuses comme le Guggenheim Bilbao, le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, et le Palais de Tokyo. Joana Vasconcelos [1] utilise souvent l’humour et l’ironie pour aborder des thèmes tels que le statut des femmes, la société de consommation et l’identité collective. Décontextualisant les objets du quotidien et actualisant le lien entre l’art et l’artisanat au XXIe siècle, elle établit un dialogue prolifique entre la sphère privée et l’espace public, le patrimoine populaire et la haute culture. Son installation la plus marquante, « Les Valkyries» sera l’un des temps forts de la foire. Ces figures mythologiques nordiques, revisitées avec audace, sont habillées de tissus aux motifs éclatants.

Œuvre de Joana Vasconcelos
Les Valkyries, l’une de ses œuvres monumentales © ArtisTree, Taikoo Place, Swire Properties 2024

Comprendre les œuvres d’art

C’est l’un des nombreuses missions de L’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA), de Bruxelles. Il sera présent à cette 70e édition. De fait, cet institut joue un rôle pionnier dans l’étude, la préservation et la restauration d’une grande diversité d’objets patrimoniaux. Ce fameux institut fait aussi des analyses scientifiques des œuvres d’art.

Scientifique restaurant une oeuvre de Rubens

Depuis sa création en 1948, l’IRPA joue un rôle pionnier dans cette préservation d’œuvres d’art. Une équipe pluridisciplinaire de conservateurs-restaurateurs, chimistes, ingénieurs, spécialistes de l’imagerie, photographes et historiens de l’art y travaillent ensemble.

L’IRPA présentera ses différentes missions et offrira aux visiteurs un aperçu des techniques modernes utilisées pour préserver et comprendre les artistes.

Une artiste scientifique travaille sur une œuvre de Rubens ©Roger Juillerat

Les symboles mystérieux de Joan Miró

Les tableaux et sculptures de Joan Miró sont comme des fenêtres ouvertes sur des mondes fantastiques, peuplés de formes biomorphiques, de lignes sinueuses et de couleurs éclatantes. Ses œuvres, célèbres pour leurs symboles énigmatiques et leur style surréaliste distinctif, plongent le spectateur dans un univers à la fois onirique et poétique. Les symboles dans les créations de Miró sont aussi variés que fascinants. Les étoiles scintillantes, les lunes mystérieuses, les oiseaux gracieux et les figures féminines récurrentes évoquent des thèmes de rêve, de nature et de féminité. Prenons par exemple “Le Carnaval d’Arlequin” (1924-1925). Ce tableau est un véritable tourbillon de figures fantastiques et de créatures imaginaires, créant une scène joyeuse et chaotique qui semble tout droit sortie d’un rêve. Les personnages dansent et virevoltent dans un ballet coloré, transportant le spectateur dans un monde où l’imagination règne en maître.

Le Carnaval d'Arlequin de Joan Miró
Le Carnaval d’Arlequin de Joan Miró ©DR

Lors d’une des nombreuses conférences qui animeront la foire, Brigitte Bloksma, directrice et conservatrice du musée Belden aan Zee, à La Haye (Pays-Bas), apportera un éclairage précieux sur le processus de création ainsi que sur les inspirations qui ont nourri le travail du célèbre artiste Joan Miró. Son approche innovante, qui mêle différents matériaux et techniques, reflète sa quête incessante d’expérimentation. Les visiteurs auront ainsi l’opportunité de mieux comprendre comment Miró a su transcender les frontières artistiques pour créer un langage visuel unique, peuplé de symboles et de signes énigmatiques. Cette exposition a la particularité de mettre en lumière ses sculptures, donc une facette moins connue de son œuvre, dominée par la peinture.

La BRAFA, est donc bien une fabuleuse occasion de voyager à travers le temps et les cultures. De l’archéologie grecque et romaine aux créations contemporaines les plus avant-gardistes, en passant par des sculptures de l’Afrique subsaharienne, chaque galerie apporte sa vision unique et ses trésors.

L’art dans la rue avec la BD à Bruxelles  

Dans plusieurs de ses rues, la Ville de Bruxelles célèbre la bande dessinée. D’ailleurs, ne fait-elle pas partie intégrante de la culture belge ? « Le Parcours BD » est une initiative qui permet aux habitants et aux visiteurs de découvrir des fresques murales représentant des personnages emblématiques de la bande dessinée franco-belge, tels que Tintin, Spirou, Gaston Lagaffe, les Marsupilami et bien d’autres.

Tintin art de rue
Tintin, Milou et le capitaine, vedettes du parcours BD. ©Roger Juillerat

Ces œuvres d’art en plein air non seulement embellissent la ville, mais elles rendent également hommage à des auteurs et des artistes qui ont marqué l’histoire de la bande dessinée.

Broussaille, de Frank Pé
Broussaille, du dessinateur Frank Pé. ©Roger Juillerat

C’était sa série la plus célèbre, racontant les aventures d’un jeune homme –sensible et rêveur –, souvent accompagné de son chat. Ce sont des histoires qui sont empreintes de mystère et de réflexion sur la vie urbaine et la nature.

Les fresques sont souvent situées dans des quartiers emblématiques, ce qui permet de combiner la découverte artistique avec celle de l’architecture et de l’histoire de Bruxelles. Ce parcours est une manière ludique et accessible de plonger dans l’univers de la bande dessinée, tout en parcourant la ville à pied ou à bicyclette. De plus, il contribue à la valorisation du patrimoine culturel et à l’attractivité touristique de la capitale belge, attirant ainsi des amateurs de bande dessinée du monde entier.

Entre la BD et l’art de la rue tout court, je vous propose un intermède musical d’un artiste qui, lui, lisait aussi très certainement Tintin. Ecoutez :

Un musée à ciel ouvert

A l’instar du parcours BD, la Ville de Bruxelles a décidé de créer un «Parcours Street Art». Il s’agit-là de promouvoir la création de fresques urbaines. La municipalité de Bruxelles a ainsi conçu un site dans lequel il y a une carte qui marque l’emplacement des œuvres sur l’ensemble du parcours. « Quand tu cliques sur un emplacement, tu vois une photo de l’œuvre et un texte explicatif », dit la carte. Le site Parcours Street Art est aussi un bon moyen pour découvrir l’auteur derrière son œuvre.

Bruxelles Street Art
Une œuvre murale d’Alexandre Farto, alias Vhils. ©Roger Juillerat

Ces plus de 150 fresques engagées, audacieuses et contemporaines, créées par des artistes belges et internationaux valent la peine. Alors, mes chers lecteurs, rendez-vous à Bruxelles dès le 26 janvier 2025 !

Pour en savoir davantage : www.brafa.art et https://www.visit.brussels/fr/visiteurs


[1] Joana Vasconcelos / Artworks

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