L’Histoire nous apprend que la durée de vie des empires est de plus en plus brève. L’Empire romain a duré 1058 ans, les empires d’Orient 400 ans chacun, les perses, mongols et européens de 2 à 3 siècles, le hollandais 2 siècles et demi. L’Empire britannique un siècle, le soviétique 70 ans, le Troisième Reich 17 ans. Le temps, qui est une vraie rareté humaine – j’y reviendrai une autre fois – se décline différemment lorsqu’il s’agit de nous, les humains. Contrairement à celle des empires, notre espérance de vie augmente. Mais selon les toutes nouvelles recherches scientifiques[1], les étapes de vie métaboliques ne correspondraient pas à celles, marquantes, qui jalonnent notre existence. Quelle est l’évolution future de l’espérance de vie ou encore l’espérance de vie en santé ? Et combien d’âge ou, si vous préférez, combien de périodes traversons nous de notre naissance à notre trépas?
Des réalités complexes
Comme rien ne s’explique clairement qui ne puisse être énoncé brièvement, voici quelques réflexions sommaires à ce propos. Si l’on veut examiner l’ensemble de ce sujet, il nous faut d’emblée aborder le rythme d’augmentation de l’espérance de vie à la naissance. D’abord une lapalissade: si nous mourrons peu après notre naissance, force est d’admettre que nous ne pourrons pas parcourir nos différents paliers de vie. Or, notre organisme doit s’accommoder de nombreuses transformations au cours de notre existence. Jusqu’à l’époque de la Révolution française (1789) l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance était quasiment nulle. Auparavant sévissaient peste, variole, choléra et autres fléaux. Autrement dit, des maladies infectieuses que l’on ne savait pas soigner, un manque d’hygiène générale empêchaient l’augmentation de l’espérance de vie. Le siècle suivant verra une réduction notable des maladies infectieuses et une diminution de la mortalité infanto-juvénile. En dépit du recul de la tuberculose encore mortelle au début du 19e siècle et du ravage de la grippe espagnole en 1918, l’humanité y gagnera quelque 4 mois par année. Les périodes de grandes guerres mondiales n’ont évidemment pas non plus amélioré les paramètres pour les marqueurs majeurs de ces étapes de l’existence.
Les maladies cardiaques et cardiovasculaires
Elles sont les principales causes de mortalité, du moins en Occident. La chirurgie commence à pénétrer dans des domaines qui semblaient jadis ceux de la science-fiction: le cerveau, le cœur. Les progrès technologies sont fulgurants. La première échographie date de 1958. En Suisse, la première opération à cœur ouvert a été réalisée en 1961 par le professeur de médecine suédois Ake Senning. Il y a 55 ans, soit le 3 décembre 1967, le Pr Christiaan Barnard osait la première greffe de cœur[2]. Le 27 avril 1968, le docteur Christian Cabrol, son assistant Gérard Guiraudon, avec l’aide de son anesthésiste réanimateur, le Dr Annick Cabrol, réussirent la première transplantation cardiaque en Europe à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Exploit renouvelé en Suisse par Ake Senning l’année suivante à l’hôpital universitaire de Zurich. Depuis, aucune discipline médicale n’a évolué aussi rapidement. La chirurgie cardiaque moderne y répond en améliorant sans cesse les procédures opératoires et en faisant appel à de nouvelles technologies.
Les années 1970 sont celles de l’amélioration des techniques de diagnostic grâce au scanner et à l’IRM: le premier scanner de 1972 et la première IRM (imagerie par résonance magnétique) de 1973.
En 1980, la médecine aura progressé en trente ans plus qu’en un seul millénaire. En effet, la plupart des maladies infectieuses ont disparu. Ou alors elles seront devenues quasi bénignes. Les grands sanatoriums, où autrefois déclinait et s’éteignait une partie de l’humanité, se reconvertissent. Cancer et leucémies ne sont plus des pathologies forcément létales. Hypertensions, insuffisances glandulaires sont rééquilibrées dans la grande majorité des cas.
Les années 1990 sont celles des thérapies géniques, permettant de lutter contre les maladies dégénératives, telles que Parkinson. Les suivantes seront celles des thérapies protéiques et cellulaires. Enfin en médecine, l’ère du numérique, de la communication et de l’information aura été sans doute la révolution globale la plus importante de ces vingt dernières années.
Un nouveau découpage de vie
Les scientifiques pensent qu’un nouveau découpage permet de bien mieux expliquer les marqueurs de nos étapes d’existence. Ainsi, notre existence devrait être découpée en 5 âges.
Premier âge: de notre naissance à 1 an
Deuxième âge: 1 à 20 ans
Troisième âge: 20 à 60 ans
Quatrième âge: 60 à 90 ans
Cinquième âge: 90 ans et au-delà.
Durant les douze premiers mois, nos besoins énergétiques augmentent. Bébé d’un an, vous brûlerez moitié plus de calories que lorsque vous aurez 21 ans. Dans votre deuxième âge, votre métabolisme aura ralenti de quelque 3 % par an jusqu’à vos 20 ans.
Le 2e âge
Puis votre métabolisme se stabilisera pendant environ 40 ans, c’est-à-dire durant tout votre troisième âge.
Couple du 3e âge (20 à 60 ans)
Passé 60 ans, le nombre de calories brûlées diminuera petit à petit. A 75 ans, vous vous trouverez au milieu du 4e âge selon ces dernières recherches scientifiques.
Ainsi, par exemple, quand vous aurez atteint l’âge de 90 ans, vous aurez besoin d’un quart de calories de moins que lorsque vous aviez 50 ans.
Le vieillissement est un problème qui nous touche tous
Depuis des décennies, les scientifiques recherchent les mécanismes qui nous font vieillir. Le vieillissement est d’ailleurs un processus biologique complexe. Et qui impacte aussi les différentes strates de la vie économique et publique.[3] De plus en plus fréquemment, les personnes peuvent vieillir plus vite ou au contraire plus lentement que le nombre réel d’années qu’ils ont vécu. Il est donc habituel de rencontrer des gens qui ne font pas du tout leur âge. Cela signifie que leur âge biologique est différent de leur âge chronologique, celui calculé en fonction de leur date de naissance. Une étude scientifique ophtalmique récente affirme que notre rétine peut nous aider à définir notre âge biologique.
Et pourquoi cette connaissance nous serait-elle bénéfique? Parce que ces chercheurs estiment que plus la différence entre l’âge chronologique et l’âge biologique est grande, plus les risques de contracter des maladies fatales est important….
[1] https://www.science.org/doi/10.1126/science.abe5017
[2] https://www.lequotidiendumedecin.fr/archives/il-y-50-ans-le-pr-christiaan-barnard-osait-la-premiere-greffe-de-coeur
[3] https://www.academia.edu/25102601/Habilitation_%C3%A0_diriger_des_recherches_Essais_sur_les_liens_entre_vieillissement_de_la_population_%C3%A9tat_de_sant%C3%A9_et_statut_d_occupation?email_work_card=view-paper